Comité de suivi Réforme Lycées

La rectrice a organisé a une réunion du comité de suivi de la réforme des lycées, nous étions présents.

Ce n’est que le 18 décembre que la rectrice a réuni quelques interlocuteurs pour le suivi de la réforme du lycée. Le Sgen-CFDT n’a cessé, notamment en Comité Technique Académique, de réclamer une tenue au plus tôt de ce comité de suivi.

La manière dont est conduit ce suivi par les autorités rectorales est à l’image de la conduite du dialogue social actuel : piteuse.

Dialogue social : on repassera plus tard…

Quelle n’a pas été notre surprise lorsque nous découvrons d’une part la composition du comité, et d’autre part le déroulé de la réunion.

Se trouvait là une élève, un représentant des parents d’élèves FCPE, quelques enseignants représentants les OS (SNES et Sgen-CFDT), trois chefs d’établissement, et un aréopage important d’inspecteurs et de personnels du rectorat (21 représentants de l’administration centrale : rectrice, directeur de cabinet, secrétaire générale, doyen de l’inspection, inspecteurs, DASEN, SAIO …)

Lycée professionnel : tout va bien…

La réunion a commencé par un bilan sur la réforme du lycée professionnel. Si le fait de commencer par le lycée professionnel (30%des lycéens), une volonté de la rectrice, est certes louable, il est par contre fort dommageable que nous n’ayons eu ni l’ordre du jour, ni les documents utilisés en séance, ce qui nous aurait permis par exemple de venir avec des professeurs de lycée professionnel. Et le bilan présenté très positivement de la réforme du lycée professionnel ne fait pas oublier que nombre de personnels se trouvent en difficulté face à la précipitation de la réforme et au manque d’anticipation. On entend que « la formation doit monter en puissance », on aurait préféré plus de temps et d’anticipation pour que les collègues puissent s’approprier le co-enseignement, la mixité des publics, le chef d’œuvre, les changements de programme etc.

Lycée général : 3 groupes de travail sans les enseignants

La présentation du bilan de trois groupes de travail (GT) sur la réforme du lycée général et technologique dont les représentants des OS d’enseignants étaient absents a ensuite monopolisé une grande partie du temps, ne laissant finalement que peu de temps au dialogue. Il est assez incroyable de discuter de la mise en œuvre des évolutions des pratiques pédagogiques (GT1), des E3C, de l’analyse des pratiques évaluatives (GT2) et du parcours de l’élève, des conseils de classe (GT3), le tout sans représentation syndicale des enseignants.

Au passage, quelques pistes sont donc évoquées : semestrialisation, groupe de niveau pour une partie des 4h des enseignements de spécialité (notamment en mathématiques…), usage de l’accompagnement personnalisé et des 54h d’orientations (on comprend que ce soit plus simple de parler de ça sans représentants syndicaux des enseignants…)

Et pourtant, les organisations syndicales représentatives, et au premier chef le Sgen-CFDT, ont besoin de dialoguer dans les instances rectorales pour porter le vécu, les propositions et revendications des enseignants. Le Sgen-CFDT a des propositions claires et identifiées sur l’organisation du suivi de l’élève, sur les moyens alloués à l’accompagnement et à l’orientation de l’élève, sur la mixité des publics en lycée professionnel, sur la lourdeur des programmes, sur les difficultés d’un grand nombre d’élèves face à l’offre mathématique, et bien entendu, sur l’évaluation, le bac en général et les E3C en particulier. Et sur les E3C, le besoin de dialogue est urgent, car nous nous dirigeons droit vers un conflit de type de celui que nous avons connu lors de la dernière session du bac.

Les E3C : point de crispation

Car les E3C fédèrent sur l’instant les mécontentements. Ce n’est pas étonnant car faisant fi de la concertation et du dialogue social, le ministère a mis en place un système d’évaluation dont la définition même est source de malentendu.

Certaines OS regrettent l’intervention du contrôle continu dans le bac, et voient les E3C comme une garantie d’équité nationale, comme une épreuve nationale de bac, ce qui génère le même stress et les mêmes attentes qu’au bac (banalisation de plages horaires, 2 surveillants par salle etc.) Cette façon de voir est aussi celle de certains parents (en tout cas de la FCPE en séance).

D’autre part, le ministère, par la voix de la rectrice, essaie lui de faire passer l’idée que les E3C constituent une évaluation formative et non pas seulement certificative : c’est donc un contrôle dans des conditions classiques (pas de banalisation de plages, un seul surveillant), avec un retour vers les élèves sur leurs erreurs.

Nous avons fait remonter que selon les établissements, il y aurait un ou deux surveillants par salle, des plages banalisées ou pas, des jours banalisés pour les corrections, ou pas.

Nous avons également répété qu’une grande partie des enseignants concernés explique que ces E3C sont intrusifs dans leur progression pédagogique, et que certains élèves ne seront pas prêts. Aucun professeur ne fait passer un contrôle type QCM à ses élèves dans une salle classique sans recourir à deux sujets (A et B) . C’est pourtant ce que demande l’institution pour l’épreuve de mathématiques en série technologique.

Un examen mal défini

Mais même en repoussant en fin d’année ces E3C, on ne sortira pas du malentendu entre épreuve terminale du bac et épreuve de contrôle continu. Le rectorat de Grenoble a ainsi annoncé en séance des règles d’harmonisation très stricte avec calculs par sujet de moyennes, d’écart-types, d’intervalles de confiance (bonne chance à ceux qui ont arrêté les mathématiques en seconde!) pour garantir l’équité. On entend d’ici les professeurs interloqués par l’application de règles statistiques sur des échantillons de très petite taille…Un arsenal qui n’a évidemment pas lieu d’être dans le cadre du contrôle continu classique.

Rectorat, chef d’établissements, enseignants, personnels administratifs, nous voilà tous pris au piège dans un examen mal défini, qui ne va pas se dérouler partout de la même manière alors qu’il est vu comme un facteur d’équité sur le territoire.

C’est pourquoi nous avons réitéré en séance la demande d’annuler purement et simplement les E3C. Il faut faire confiance aux enseignants pour organiser un contrôle continu rigoureux qui permet aux élèves de s’orienter convenablement en fonction de leurs résultats.

Sécuriser les collègues et les élèves

A défaut d’annulation, il faut s’assurer que les élèves et les enseignants soient « sécurisés » pour le passage de ces épreuves. Des demi-journées doivent être banalisées et des salles adéquates doivent être mises à disposition pour le bien-être des élèves, et des professeurs qui surveillent : mise en place des élèves, ramassage des copies, surveillance d’éventuels tricheurs (rappelons que beaucoup d’entre nous utilisent des salles de devoir où les élèves sont éloignés les uns des autres lors de leurs devoirs surveillés dans le cadre du contrôle continu).

Autres articles sur ce sujet

Sur les E3C : https://www.sgen-cfdt.fr/actu/e3c-alleger-inventer-mais-surtout-garder-la-main/

ou encore : https://www.sgen-cfdt.fr/actu/vers-un-bac-a-18-epreuves-il-y-a-encore-des-choix-a-faire-pour-eviter-le-pire/