Le collège dans la crise sanitaire : des adaptations pédagogiques en attente

Mardi 23 mars, le Sgen-CFDT a participé à une réunion entre la DGESCO avec les organisations syndicales. Nous avons porté un message : il ne s'agit pas de rattraper mais de reconstruire, sur le temps long. Nous avons cependant demandé des adaptations sur la fin de l'année scolaire.

Les constats pour le collège :
Un contexte d’anormalité qui ne semble pas toujours pris en compte

L’hétérogénéité des parcours s’est accentuéecollege

Le passé scolaire des élèves de collège, leur situation sociale, leur vécu de la crise… ont accentué les écarts, sans épargner les bons élèves. L’organisation des établissements et leur capacité de résilience ont pu atténuer ces effets, mais ce n’est pas toujours le cas. La crise sanitaire a permis de mettre en évidence des solutions dont il faudrait tenir compte à l’avenir. Les mesures correctrices générales arrivées trop tard, sans qu’elles aient pu être anticipées dans la constitution des emplois du temps, n’ont que peu contribué à une amélioration de la situation.

Les personnels atteignent leurs limites individuellement et collectivement…

Les personnels atteignent leurs limites individuellement et collectivement en terme de charge de travail et de temps encore disponible. Les changements trop fréquents de modalités de fonctionnement, anticipés ou pas, ont augmenté le stress des personnels. L’inquiétude liée aux effets potentiels de la crise sanitaire, la nécessité de respecter le protocole en permanence, a rajouté encore à ce stress. Il en va de même des conséquences des absences COVID des élèves et des enseignant·es. La question des remplacements non-assurés a encore ajouté à cette fatigue généralisée. Il est donc difficile de rajouter des missions, du temps de travail, y compris rémunéré. Il faut prendre en compte ce niveau de stress intense, y compris dans le discours institutionnel.

Nos propositions : reconstruire plutôt que rattraper, s’inscrire dans le temps long du parcours scolaire de l’élève…

Pour le Sgen-CFDT, il faut penser en terme de reconstruction plutôt que de rattrapage, inscrire les adaptations dans le temps long du parcours scolaire de l’élève et pas à l’horizon du premier trimestre de l’année scolaire 2021-2022.

Il faut laisser de la souplesse aux établissements pour permettre de reconstruire des organisations et des projets pédagogiques qui soient adaptés aux terrains et non plaquer des modèles qui ne font pas toujours sens.

Construire un accompagnement des parcours

Construire un accompagnement des parcours qui doit se faire en équipe pluri-professionnelle, ce qui demande du temps (concertation), une visibilité sur les moyens (HSE arrivées trop tardivement l’an dernier) et des alliances éducatives avec d’autres acteurs (collectivités, monde associatif).

Aider les élèves à aller mieux, mobiliser les fonds sociaux et reconstruire la relation éducative avec les parents

Aider les élèves de collège à aller mieux en travaillant le collectif, les postures individuelles, la gestion du stress qui s’est fortement accru avec la crise sanitaire. Mobiliser effectivement les fonds sociaux pour lutter contre les effets de la progression de la pauvreté qui accompagne la crise. Reconstruire une relation éducative avec les parents qui a été mise à mal par le confinement de 2020 et par les effets de la crise sanitaire sur leur vie personnelle.

Faire des choix en privilégiant l’essentiel…

Faire des choix en privilégiant l’essentiel : Evalang et Pix doivent être reportés à l’année prochaine, les épreuves terminales doivent être neutralisées (délivrance du DNB par validation des compétences du socle, éventuellement en gardant l’oral comme rituel). A l’inverse l’EPS et les arts apportent aux élèves de collège un équilibre qui leur permet de mieux vivre cette période. Le temps consacré à des projets donne du sens aux apprentissages. Des allègements de programme doivent être envisagés.

Relancer les cycles, favoriser le dialogue entre les équipes éducatives

Relancer les cycles pour suivre les progrès des élèves sur le temps long en veillant en particulier aux ruptures CM2-6e et 3e-2de, s’assurer que les informations existant dans le LSU puissent être exploitées au lycée. Favoriser le dialogue entre les équipes éducatives dans l’établissement : conseil pédagogique, conseils d’enseignement, conseils de cycle pour permettre l’émergence de solutions au plus près des besoins.

S’assurer que les élèves ne s’autocensurent pas et sécuriser les paliers d’orientation

Les compétences scolaires des élèves de collège ont été souvent réduites par la crise, même pour les « bons élèves ». Cet effet général risque de générer des projets moins ambitieux, des demandes de redoublement plus fréquentes. Les stages d’observation en milieu professionnel (quand ils ont pu avoir lieu) ont moins que d’habitude permis l’ouverture de perspectives. L’information collective et individuelle sur les parcours est devenu moins accessible avec la virtualisation des journées portes ouvertes qui ne permettent souvent pas les échanges individualisés avec les ancien·nes élèves ou les enseignant·es intervenant dans ces formations.

Les psychologues de l’éducation ont un rôle important à jouer dans les établissements à ce sujet. Leur nombre insuffisant face à des missions qui se sont développées avec la crise sanitaire exige ici encore des moyens supplémentaires. Attention également cette année en particulier au calendrier des procédures d’affectation qui viennent percuter les temps d’enseignements.