La Conférence Nationale du Handicap (CNH) a été l'occasion d'un nombre important d'annonces du Président de la République. Au-delà de la présentation bien plus idyllique que la réalité du statut qui a été faite, la question de l'évolution du métier lui-même a été soulevée.
« Les fonctions des AESH et des assistants d’éducation seront progressivement réformées et regroupées pour créer un métier d’accompagnant à la réussite éducative.
Les AESH pourront accéder à un temps plein et seront plus facilement rattachés à un établissement ou à un groupe d’établissements. Ils pourront ainsi déployer des compétences nouvelles et assurer le suivi des enfants sur le temps scolaire et périscolaire. » : c’est ce qui est écrit dans le dossier de presse du CNH.
Tombé du ciel
Le président de la République est le spécialiste d’annonces médiatiques sur des idées, des réflexions loin d’être abouties et qui, de fait, font comme si le tout était réellement décidé et en passe d’être appliqué.
Jamais les organisations syndicales n’ont réellement été concertées sur ce sujet. En ce moment, les discussions portent sur les suites en termes de statut, de rémunération et de cadre de gestion des AESH. Côté AED c’est un « cadre de gestion » suite à la possibilité de la cédéisation qui est en vue.
À l’heure où le gouvernement affiche une volonté de renouer le dialogue social, le voici une nouvelle fois méprisé. C’est un très mauvais signal pour les personnels et les organisations qui portent leurs revendications.
Dans la réalité, qu’en sera-t-il de cette annonce ? Est-ce que cela concerne les écoles ? les collèges, lycées et lycées professionnels ? Est-ce que tous les AESH et tous les AED ont vocations à changer de métier… tout cela est bien flou.
Nul doute qu’à part de nouvelles inquiétudes, de nouvelles déceptions – car de nombreux et nombreuses AESH attendent de pouvoir réellement exercer à temps plein – ces annonces ne correspondent actuellement pas à grand-chose de très concret.
Le sens du métier d’AESH en question
Pour quelles raisons, serait-il possible d’accompagner les élèves sur le temps périscolaire uniquement en changeant, pour la 3eme fois, de nom de métier ?
Des AESH s’interrogent sur le sens de leur mission et estiment que celles des AED sont différentes. Notamment parce qu’une part des missions des AED est administrative. Toutes et tous les AESH n’ont pas les compétences pour assurer des missions d’AED et inversement…
On globalise beaucoup le travail des AESH, mais, selon les handicaps accompagnés, selon le lieu de travail, les besoins et le travail peuvent être très différents.
Ce qui est recherché par le CNH c’est, à la fois, de permettre aux AESH d’exercer à temps plein, et à la fois de répondre aussi à des exigences de l’école inclusive en prenant en compte l’ensemble des élèves d’un lieu de scolarisation.
Augmenter le temps de travail
Sur les missions des AESH, on sait qu’une des problématiques centrale, c’est le temps de travail.
Il y a quelques mois, suite aux engagements du ministre, une circulaire à destination des académies a été produite pour permettre d’étendre la possibilité du périscolaire pour les personnels AESH en s’appuyant sur la mise en place d’un contrat unique avec un protocole passé entre la collectivité et l’éducation nationale. L’AESH a un seul contrat et une seule paie. La collectivité reverse le salaire à l’éducation nationale. Dans ce cas, la collectivité est une autorité fonctionnelle pour l’AESH.
Ce dispositif est censé permettre d’étendre, dans le premier degré, les missions d’accompagnement d’un élève sur le temps périscolaire. Un texte prévoit en effet que cette part de l’accompagnement est de la responsabilité de la collectivité. Dans la réalité, le travail périscolaire s’étend souvent bien plus largement que le service d’un élève notifié. Sur cette circulaire, le Sgen-CFDT a posé des alertes et des remarques. Jusqu’à ce jour, peu d’autres moyens d’élargir le temps de travail ont été évoqués. Et on sait qu’à lui seul le périscolaire ne résoudra pas tout.
D’autre part, du côté des AESH elles même, les attentes sont multiples. Toutes ne souhaitent pas travailler plus, toutes n’ont pas la même vision de la diversification des missions.