Le programme de la journée:
Matinée : De l'intégration à l'inclusion. Questionnement et historique d'un changement de logique.
Après-midi : Du niveau micro au niveau macro. Quelles pratiques au quotidien pour une inclusion réussie ?
Nous étions 22 personnes quasiment uniquement des PE, et un professeur de Segpa.
Gwenaël s’est présenté, puis nous a proposé un temps de partage et de réflexion à partir d’un Q-Sort, outil qui peut être mis en œuvre dans nos classes. Nous avons réfléchi à ce qu’était pour chacun de nous l’école inclusive, quelles en étaient nos représentations, et on en a parlé par groupes de 3-4 personnes.
Dans le même état d’esprit que le Q-sort, Patrick Viveret propose le jeu des 4 coins, à partir d’un mot.
De l’intégration à l’inclusion.
L’intégration, c’est quand l’élève s’adapte à la norme scolaire
L’inclusion, c’est quand l’école s’adapte à l’élève.
Notre culture est celle de l’externalisation de la difficulté scolaire. On cherche souvent à trouver ce qu’a l’élève (de quoi « il relève »), afin de savoir où le mettre.
Les structures sont en dehors des écoles. L’objectif est de faire revenir les structures à l’intérieur de l’école, sans les faire disparaitre bien entendu. Gwenaël nous a parlé d’un projet de cité inclusive en Moselle.
Il nous a également parlé des travaux de Philippe Tremblay Professeur des Universités à l’Université de Laval, Québec , qui propose un enseignant spécialisé qui soit tant une personne-ressource (qui peut intervenir elle-même) qu’une personne-ressource(s) (qui peut guider l’intervention des intervenants. Il prône ainsi une co-intervention.
L’inclusion de tous les élèves pose également la question de la taille des écoles et de leur autonomie pour prendre des décisions: la taille des écoles est très variable en France, et l’école n’a aucune entité juridique. C’est donc aussi la question de l’établissement du 1er degré qui se pose. (accéder à notre dossier sur l’établissement du 1er degré)
Quelles pratiques au quotidien pour une inclusion réussie ?
Quand Gwenaël a embrayé sur le harcèlement à l’école, je n’ai pas vraiment saisi le lien avec le thème de la formation, mais il était bien réel puisque c’est une question de gestion de la différence, de gestion du groupe, de coopération, et toutes les stratégies mises en œuvre dans ce cadre là sont opérationnelles lorsqu’il s’agit de gérer les élèves à besoins particuliers au sein du groupe-classe.
Les outils présentés par Gwenaël permettent de résoudre les difficultés liées aux besoins particuliers de certains élèves.
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le dispositif collectif et solidaire contre le harcèlement, proposé par Eric Verdier.
Ce dispositif « recrute » des élèves sentinelles, volontaires, qui peuvent quitter le dispositif quand ils le souhaitent, et qui ne sont pas là pour dénoncer les harceleurs mais pour alerter les adultes, et aller vers les élèves harcelés. Il s’agit d’agir de manière collective, d’interpeler tout le groupe classe sur ce qu’est le harcèlement, et non plus de seulement convoquer le ou les élève(s) harceleur(s) pour leur faire la morale et espérer qu’ils s’arrêtent. Ils s’arrêteront s’ils voient que leur cible a le soutien d’autres personnes, et cela sans avoir à les punir.
Ce dispositif très intéressant permet d’accepter ses différences, et celles des autres, de sortir d’une « normopathie » très présente surtout à l’adolescence. Pour en savoir plus sur le dispositif sentinelle rendez vous sur le site ressources du Sgen-CFDT:
Sentinelles et Référents : une aventure collective contre le harcèlement
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les Conseils coopératifs de Sylvain Connac, et la Zone Proximale de Développement:
Une des participantes au stage pratique le conseil de vie coopérative et nous a présenté sa façon de le mettre en oeuvre: elle en fait un par semaine (mais un par quinzaine peut suffire), et utilise pour ce faire des post-its: des verts pour féliciter, remercier, des jaunes pour critiquer et des bleus pour mettre un sujet à l’ordre du jour. Ces post-it sont à disposition des élèves qui les collent sur un tableau, visibles de tous. Elle fait presque exclusivement ça en EMC car ça prend pas mal de temps. Lors du conseil coopératif, on lit d’abord les papiers verts, puis les jaunes, puis les bleus. Un bâton de parole est utilisé.
Gwenaël a également présenté sa manière de faire: un conseil par quinzaine, et les messages (= fiche « incident/message clair ») sont mis dans une boite qui n’est ouverte que ce jour là. Le président de la séance (un élève) suit un rituel. Les décisions de la semaine précédente sont lues, puis les fiches que les élèves ont posées dans la boite. Parfois, ce qui a été mis dans la boite n’a plus de valeur, car les choses se sont arrangées d’elles mêmes, apaisées… Parfois, le simple fait de mettre la situation sur le papier permet à l’enfant de relativiser.
Cette boite , ou l’affiche si on colle des post-its, permet de reporter à plus tard les problèmes, tout en sachant qu’on s’en occupera à un moment donné, c’est rassurant pour les enfants, ils écrivent ce qu’ils ont à dire, puis ils peuvent se remettre au travail au lieu de ruminer…
- Nous avons également parlé ZPD (Zone proximale de développement) et de personnalisation des apprentissages, autre proposition de Sylvain Connac.
Mais différencier pour 25 ou 30 élèves, c’est impossible! Et servir la même soupe à tout le monde, ça ne marche pas… Quand on a fait ce constat, on est bien avancé… La coopération, ça ne se décrète pas, ça se construit, petit à petit.
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des pistes à utiliser dans nos classes:
- les ceintures ou étoiles, qui permettent à chacun d’avancer à un rythme propre, sans le tromper: on affiche l’avancement des ceintures, et on voit bien que X est ceinture noire en maths, mais encore ceinture jaune et grammaire, alors que pour Y, c’est l’inverse. Des ceintures de compétences, ça met en valeur les compétences qu’on a, même quand on n’en a pas beaucoup, ça a du sens. Charivari à l’école explique très bien pourquoi elle utilise ce dispositif, et comment.
- les fichiers PEMF
- pidapi = Parcours Individualisés Des Apprentissages en Pédagogie Institutionnelle. Explications par la blogueuse Craie hâtive.
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Serge Boimare prend le biais des contes mythologiques pour aider ces enfants empêchés de penser.
Le site de Bruce Demaugé est également une mine d’idées: il propose son travail à propos des mythes archéologiques et beaucoup d’autres choses encore. Le site l’école d’ailleurs propose aussi des questionnaires très bien faits.
Il faut apprendre à ces enfants à sentir ce que l’on pense, et à penser ce qu’ils ressentent. Ils ont aussi souvent un problème avec la frustration.
Pensée fermée |
Pensée ouverte |
Je fonctionne dans le flou, l’implicite. | Je trouve des définitions. J’explicite. |
J’affirme des vérités absolues. « Évidemment », « j’en suis sûr »,… | Je modère mes propos: « Peut-être que », « Il me semble que.. » |
Je ne prends en compte que les faits qui collent avec mes idées. | Je reste critique par rapport à ce que j’entends, lis… et par rapport à mes propres pensées. |
Je suis possédé par mes émotions.
SM1P = motivation de sécurisation parasitée = motivation d’addiction. |
Je comprends mes motivations:
SM1 = motivation extrinsèque ou externe = motivation de sécurisation. (parents..) SM2 = motivation interne = motivation d’innovation. |
Il faut éduquer nos élèves à l’incertitude. Cela permet aussi de sortir de l’idée fixe qu’on est nul. Il faut également accompagner les accompagnants par des groupes d’analyses de pratique.
On a terminé cette journée très riche par la présentation d’un DVD, « Ecole en vie », documentaire sur les pédagogies actives à l’école publique, qui présente le quotidien et la démarche de 3 enseignants de l’école publique, dans 3 types de classes/école différents, qui pratiquent la coopération, l’entraide, le tutorat… un film qui donne de l’espoir et l’envie d’essayer ou de réessayer plein de choses.