Le ministère va créer une nouvelle spécialité « Education physique, pratiques et culture sportives » (EPPCS) à partir de la rentrée 2021. Une nouvelle spécialité ouverte pour le lycée général, d’abord de façon prudente (entre 1 à 3 implantations par académie), puis élargie progressivement.
Cette spécialité EPS sera (comme les autres spécialités) de 4h en première et 6 heures en terminale. L’idée est d’avoir une approche assez large du monde du sport avec des apports en physiologie, psychologie, économie, connaissances du monde sportif… C’est une différence majeure avec l’option qui est plus centrée sur la pratique physique et sportive.
Quelle est l’analyse du Sgen-CFDT ?
Spécialité EPS, Une idée intéressante sur le principe mais sous certaines conditions :
- Ne pas faire croire aux élèves que c’est une filière « sport » ou un passeport pour STAPS : l’objectif affiché est plus large et c’est un enjeu majeur pour garder un vivier important en terminale.
- Identifier les poursuites d’études, notamment en clarifiant les conséquences du choix de la spécialité plutôt que de l’option.
- Expliciter les profils d’élèves attendus, et notamment en lien avec la prochaine ouverture dans la voie professionnelle de formations « métier du Sport » (ouverture prévue : rentrée scolaire 2022). L’existence de passerelles se posera alors, permettant des passages effectifs et réciproques d’une voie à l’autre.
- Former les enseignant·es de façon urgente et pérenne à toutes les dimensions prévues de la spécialité. C’est indispensable pour être à l’aise dans toutes les dimensions envisagées (humanités, sciences, psychologie, droit, pratiques culturelle et sportive).
- Avoir des moyens humains suffisants (DHG) pour ouvrir la spécialité sans dégrader les conditions d’enseignement des autres spécialités ou rogner sur les options. Or le contexte général des dotations dans le 2nd degré est très tendu.
- Avoir une politique volontariste d’investissement, de mise à disposition et de partenariat pour l’accès aux installations et équipements nécessaires à toutes les dimensions de la spécialité.
- En faire un élément d’appropriation et de travail collectif dans les lycées concernés (équipes d’EPS, conseil pédagogique, CA…).
Un temps dédié et banalisé cette année semble incontournable pour des concertations larges autour de ce projet.
Avec de très grandes incertitudes qui perdurent aujourd’hui :
- Sur le contenu concret de cette spécialité (proposition de programmes par le CSP prévue pour fin janvier).
- Sur le contenu des épreuves écrites et pratiques.
- Sur l’articulation avec les options 3h, l’option renforcée et les sections sportives déjà existantes.
- Sur la carte des lycées qui le proposeront. Ces choix sont en cours d’arbitrage par les recteurs. Les lycées potentiellement concernés sont-ils informés ? Ont-ils discuté des conséquences de cette implantation (en terme DHG, flux d’élèves, RH…) ? Les CA ont-ils été réunis ? Les lycées écartés ont-ils eu des éléments concrets justifiant ces refus ?
- Sur les flux d’élèves que cela va induire : comment limiter le risque d’assèchement supplémentaire des voies technologiques (qui elles n’auront aucune filière Sport » ?). Quel impact sur les orientations en fin de 3ème ?
- Sur les éventuels liens nécessaires avec d’autres partenaires (universités ? CREPS ? référents sport des rectorats ? autres enseignants ?).
Cette spécialité se veut à spectre large : des partenariats larges doivent être possibles localement.
Une création liée à un changement de périmètre ministériel ?
Alors que le ministère avait refusé cette création en 2018, lors des discussions sur la mise en place de la réforme du lycée général et technologique, son ouverture dès la rentrée 2021 sonne comme un revirement. Est-ce dû à l’élargissement des compétences du ministère de l’Éducation nationale à la thématique des sports ? En effet, ce ne sont pas les expérimentations d’options 4h, dans une vingtaine d’établissement depuis 2019 qui peuvent le justifier, puisqu’elles pourront coexister avec l’option 3h et cette nouvelle spécialité.
Cette création repose sur l’intuition que d’autres voies de réussite sont possibles hors de l’académisme si présent dans les contenus des programmes du lycée général. Nous partageons cette représentation. Mais une bonne idée ou une bonne intuition peut parfois être dévoyée si les modalités de mise en œuvre ne sont pas aussi pensées en amont pour accompagner les personnels et les élèves. Or vu le calendrier et les moyens à disposition, on peut craindre qu’une fois encore le ministère ne transforme l’or en plomb.
Espérons que des équipes enthousiastes et volontaires ne soient pas confrontées à une réalité un peu amère.