Le Sgen-CFDT s’est prononcé contre les réformes du lycée et du bac et a continuellement dénoncé leurs incohérences, tout en faisant des propositions pour les corriger. Pour autant il n’appelle pas à faire grève pendant la période du bac : explications.
Grève du bac contre les réformes Blanquer : des conséquences potentiellement nocives pour toutes et tous
Une telle action aurait certes un effet médiatique réel. Cela démontrerait aussi le réel mécontentement des personnels que le ministère se plait constamment à minimiser, mais c’est la crise de l’institution scolaire qui serait alors mise en avant, plutôt que les propositions alternatives que nous portons sur ce dossier.
En effet, l’hypothèse d’un abandon de la réforme du lycée suite à une grève massive du bac entrainerait un retour, de fait, à la situation régie par les textes de 2010, ce qui génèrerait plus de problèmes que de solutions. D’abord parce que le lycée actuel est loin d’être l’idéal et qu’il reste essentiel de le faire évoluer vers un système plus juste qui permette aux élèves d’être accompagnés dans la construction de leur parcours. D’après les remontées du 2ème trimestre, environ la moitié des élèves a fait des choix de combinaisons originales distinctes de celles définies par les séries actuelles. Sur cet aspect là, une partie des familles a donc d’ores et déjà préféré les incertitudes du futur lycée au système existant. Ensuite parce qu’une telle action aurait un effet anxiogène pour bon nombre d’élèves déjà confronté·es à des choix d’orientation vers le post-bac sur lesquels trop d’enjeux sont projetés.
Enfin parce qu’une rentrée se prépare bien en amont, et qu’un changement de cap à cette date serait particulièrement difficile à mettre en œuvre pour toutes et tous : les personnels ont déjà formulé leurs vœux de mutation et à la date du bac, les conseils de classe du 3ème trimestre auront eu lieu, les orientations auront été prononcées. Les conditions d’exercice des équipes de direction et de leur équipe administrative deviendraient alors plus complexes encore qu’elles ne le sont déjà à cette période.
Une alternative : organiser des concertations régulières et constructives aux différents échelons du système éducatif
À deux mois de la rentrée, une grève du baccalauréat serait porteuse de confusion parce que les résultats attendus de ce rapport de force ne sont ni complètement clairs, ni entièrement partagés par les personnels qui s’y engageraient. Or, pour le Sgen-CFDT ce dont le système éducatif a besoin, c’est d’une amélioration permanente et coconstruite plutôt que d’un « grand soir » toujours remis à demain.
Pour éviter le chaos d’une réforme ratée qui impacterait tout le monde, le ministère aurait intérêt (comme le Président Macron semble enfin l’avoir compris ?), à écouter enfin et, à prendre en compte l’avis des organisations syndicales progressistes. Il est urgent de faire des annonces claires et concrètes en matière de financement et d’organisation alors qu’il est flagrant que les moyens ne sont pas toujours suffisants pour permettre une rentrée correcte avec des choix d’élèves respectés et des classes non surchargées.
Il est également urgent de prévoir et d’organiser des temps réguliers de concertation pour traiter les difficultés. Puisque le ministère veut construire sa réforme par « incrémentation » il doit s’en donner le temps et le cadre ! Et accepter de laisser des initiatives aux académies en faisant vivre les groupes de suivi de la réforme, initiés au moment de la mise en place de la carte des spécialités.
Mais cette démarche doit se mener d’abord dans les lycées car c’est là que les personnels peuvent donner du sens à leur travail.
Le Sgen-CFDT propose des pistes pour agir concrètement sur l’organisation des E3C, l’accompagnement des élèves et les conditions de travail des équipes pédagogiques.
Il revendique également une reconnaissance indemnitaire ou en décharge des nouvelles tâches induites par la réforme