Psychologues de l’Éducation Nationale : le Sgen-CFDT reçu par le ministère

Le 24 mars 2021, la fédération Sgen-CFDT et le SNAMSPEN/sgen-CFDT ont rencontré Edouard Geffray, directeur de la DGESCO. Cette audience a permis de porter les revendications des psychologues de l’Éducation Nationale. Que retenir de cette réunion ?

Psychologues de l’Éducation Nationale : le Sgen-CFDT reçu par le ministèreCatherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de la fédération Sgen-CFDT et Florence Dubonnet, secrétaire nationale, ont relayé les inquiétudes des médecins scolaires et des psychologues de l’Éducation nationale : effectifs, organisation du travail…

Intervention du SNAMSPEN

Patricia Colson, médecin scolaire et secrétaire générale du SNAMSPEN/sgen-CFDT, a évoqué les difficultés des médecins scolaires : pénurie de médecins, taille des secteurs d’intervention. Elle a abordé également la question de la revalorisation et l’importance d’avoir un réel travail partenarial entre les médecins, les psychologues de l’Éducation nationale, les infirmièr.es et les assistant.es de service social.

Psychologues de l’Éducation nationale :
les revendications portées par le Sgen-CFDT

Le 16/02/2021, Monsieur Geffray avait publié une circulaire intitulée « Amélioration du repérage, de l’orientation et de la prise en charge des élèves en situation de stress, de détresse psychologique ou en danger » et le rôle des psyEN y était mentionné. Cette circulaire a été favorablement accueillie car elle fait échos à ce que nombre de psyEN observent quotidiennement sur le terrain. Ils/elles y perçoivent une politique ministérielle volontariste au service de la santé mentale des élèves, de la prévention et de la promotion de la santé et une reconnaissance du travail des psyEN. Le service public de l’éducation dispose effectivement d’un personnel formé et expert de l’écoute, de la santé et de la résilience en temps de crise.

Mais les freins qui empêchent la mise en œuvre d’une réelle politique de promotion du bien-être et de la santé à l’école sont nombreux.

Premier frein : la déclinaison aléatoire des directives nationales au niveau local.

La circulaire de M. Geffray en date du 16/02/2021 était à destination notamment des conseillers techniques (médecins, infirmier.ères, AS) auprès des Recteurs et DASEN qui ont ensuite transmis à leur base. En raison de l’absence de psychologue conseiller technique, nombreux sont les EDA qui n’ont pas reçu cette circulaire.  Du côté des psyEN du premier degré, la chaîne fonctionnelle paraît incomplète.

Le Sgen-CFDT revendique la création d’une fonction de psychologue CT à tous les niveaux (Ministère, Rectorat, DSDEN) qui ferait l’interface entre l’administration et les psyEN sur des points tels que la formation continue, la gestion des situations de crise, les besoins en matériel… Cela permettrait également une meilleure visibilité des psyEN au sein de notre Institution.

Second frein : la surcharge de travail des psyEN et le manque d’effectifs.

Dans le premier degré, les demandes d’aide émanant des écoles, des familles, de la MDPH et des partenaires extérieurs sont de plus en plus nombreuses et les psy EN EDA n’arrivent plus à y faire face.

Dees demandes d’aide de plus en plus nombreuses…

Une grande partie du travail est consacrée aux enfants en situation de handicap. Chaque année, les enfants inclus en milieu ordinaire sont plus nombreux. Ceci implique pour les EDA davantage de bilans, de réunions d’équipe de suivi de la scolarisation (ESS), de réunions d’équipe éducative (REE)…S’ajoutent les bilans pour les orientations SEGPA, les plans d’accompagnement personnalisé (PAP)…

Il reste alors peu de temps aux psychologues de l’Éducation nationale pour assurer leurs autres missions telles que le suivi et l’accompagnement des enfants en souffrance – en lien avec des difficultés scolaires, des problématiques psycho-affectives et éducatives, la crise sanitaire actuelle – ou la guidance parentale…

Si la charge de travail augmente, les moyens humains n’augmentent pas…

Dans l’ensemble des académies, les EDA évoquent une surcharge de travail entraînant un mal-être généralisé et une perte de sens du travail de psychologue.

Or, si la charge de travail augmente, les moyens humains n’augmentent pas. Rappelons qu’en France, la moyenne est d’un psyEN EDA pour 1500 enfants (chiffres 2018/2019 in rapport Cour des Comptes sur les médecins et les personnels de santé scolaire) alors qu’en Europe ce chiffre est de 800.

Il en est de même de la charge de travail dans le second degré. La baisse des recrutements depuis 2017 est très inquiétante : nous sommes passés de 145 postes d’EDCO mis aux concours en 2017 à seulement 80 en 2021.

Le Sgen-CFDT revendique une hausse substantielle du nombre de places au concours de recrutement des psy EN.

Aussi, le Sgen-CFDT revendique une hausse substantielle du nombre de places au concours de recrutement des psy EN afin de pallier les départs à la retraite et de diminuer les secteurs d’intervention des psyEN ; ceci afin de pouvoir exercer pleinement les missions, et notamment celles en lien avec l’accompagnement des jeunes et des collègues en souffrance.

3ème frein : la question du relatif cloisonnement entre les 4 spécialités que sont les psy EN, les infirmièr.es, les médecins scolaires et les assistant.es de service social (AS).

Le travail en silo et l’isolement se retrouvent principalement dans le 1er degré. Par ailleurs, les EDA regrettent l’absence des Assistant·es de service social (AS) dans le premier degré.  Les psychologues de l’Éducation nationale auraient besoin d’un travail pluriprofessionnel et d’une collaboration – sur un temps dédié – dans le but de promouvoir le bien-être de tous les élèves. En réalité, beaucoup de collègues travaillent déjà de manière coordonnée, surtout ds le 2nd degré. Il s’agit de développer cette « bonne pratique » et de croiser les regards de manière plus systématique sur des situations d’enfants et de d’adolescents.

Fabienne Testa, psy EN et secrétaire fédérale, témoigne également de l’inquiétude de certains collègues du second degré qui craignent la disparition des missions d’orientation auxquelles ces professionnels sont attachés et la disparition des CIO.

La question de l’absence de passerelles permettant de passer du 1er au 2nd degré – et inversement – a également été abordée; de même que celle du différentiel indemnitaire  entre les deux spécialités.

Interventions et réponses d’Edouard Geffrey, directeur de la DGESCO

Monsieur Geffray prend acte des revendications du SNAMSPEN et du Sgen-CFDT.

Il évoque le relatif cloisonnement entre les différentes professions (psyEN, infirmièr.es, assistant.es sociaux/ales et médecins scolaires). Il remarque cependant que « dès qu’on essaie d’avoir une vision générale, les choses se tendent » ; il prend pour exemple l’amendement définitivement adopté par l’Assemblée nationale le 18/03/2021 donnant jour à l’article 1 bis du Code de l’Éducation introduisant la nécessité pour les personnels médicaux, infirmiers, assistants de service social et psychologues de l’éducation nationale, de travailler « ensemble de manière coordonnée ».

Il fait le constat d’« un clivage profond et d’angoisses, ce qui limite les perspectives d’une trajectoire commune ». Il existe cependant « des expertises spécifiques qui se conjuguent intelligemment sur le terrain au profit des élèves ». Il note aussi que « les personnels peu nombreux ne doivent pas être considérés comme la dernière roue du carrosse, surtout si cette roue est motrice, sans cela on court à la catastrophe pour les élèves » …
Chaque profession a son expertise propre selon E. Geffray et il faudra réfléchir tous ensemble aux modalités du travail partenarial (à travers des outils de mutualisation par exemple, de temps dédié) au profit des élèves.  La dimension collaborative est importante.

Il connaît les craintes des infirmières et des psyEN . Aussi, il a insisté sur le fait que le Ministère ne souhaite pas revenir sur les missions de chacun. Il a ajouté que les médecins n’ont jamais voulu être le supérieur hiérarchique des autres professionnels (ce que confirme P. Colson).

Pas de réelle réponse concernant les questions des passerelles et du différentiel indemnitaire (qui relève davantage de la DGRH).  Des lignes directrices par rapports au recrutements devront être élaborées.

L’analyse du Sgen-CFDT

Cette rencontre avec Edouard Geffray a été l’occasion pour le Sgen-CFDT de porter haut et fort certaines de nos revendications qui datent de 2017 : la création de passerelles entre les deux spécialités EDA et EDCO, la création d’une fonction de psychologue conseiller technique et la question du différentiel indemnitaire.

Le Sgen-CFDT sera attentif à l’avancée de ces revendications et ne manquera pas de solliciter à nouveau le Ministère de l’Education Nationale à ce sujet.