Le nouveau Bac PRO CGEA

Le Bac Pro CGEA (Conduite et gestion de l’entreprise agricole) a fait l'objet d'une réécriture suite à la loi d’avenir pour renforcer ces aspects agroécologiques. Le Sgen-CFDT s'est pleinement investi dans cette démarche pendant la longue période de négociation et a obtenu des avancées.

Bac pro CGEADeux spécialités ont fusionné

La fusion des deux spécialités jusque là distinctes, Productions végétales et Productions animales, est pertinente au regard des évolutions constatées et des politiques mises en place. L’agriculteur de demain devra maîtriser ces deux volets de la production agricole au sein d’un même système d’exploitation.  La spécialisation des ateliers de production, aujourd’hui poussée à l’extrême, doit être remise en question. Les systèmes de polyculture-élevage sont ainsi à nouveau reconnus.

Des épreuves aux contours nouveaux

L’approche capacitaire qui prévaut aujourd’hui dans le système éducatif et dans l’innovation pédagogique conduit à des évaluations qui valident les capacités des élèves à analyser et à agir dans un contexte professionnel en mutation.

L’évaluation E5 du Bac pro CGEA, aujourd’hui proposée sous la forme d’un entretien oral avec dossier, permettra de vérifier ces capacités professionnelles au plus prêt des réalités des systèmes de polyculture en adaptant au mieux l’épreuve aux supports utilisés au cours de la formation. Il n’y a donc pas lieu de regretter le format précédent constitué d’un écrit souvent discriminant (toutefois l’épreuve E 5 restera sous forme écrite en Bac pro CGVitiVinicole).

Pour que cette épreuve soit pleinement lisible et opérationnelle, le Sgen-CFDT invite l’Inspection de l’enseignement agricole à définir plus finement les capacités attendues et les critères d’évaluation.

Une meilleure prise en compte de l’agronomie

L’importance de la connaissance des sols et l’ouverture vers la diversité des systèmes de production sont des aspects de la formation qui ont été renforcés. Ce renforcement porte particulièrement sur la biodiversité des sols.

À la demande du Sgen-CFDT, les préoccupations liées au changement climatique et de la lutte contre le réchauffement ont été introduites. Les futurs agriculteurs doivent être des acteurs de la lutte contre les risques environnementaux majeurs (effet de serre, perte de biodiversité, dégradation de la qualité de l’eau, érosion des sols…).

Une difficulté pour le ministère à reconnaître les réalités

Dans le référentiel, la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche – DGER n’a introduit que timidement, et à la demande du Sgen-CFDT, le mot « pesticides » alors que c’est le terme le plus utilisé par la communauté scientifique (CNRS, INRA, INSERM), la presse et la société civile. Le ministère ne voudrait utiliser que le terme « produits phytopharmaceutiques ». Si ce dernier a le mérite d’avoir une définition large et claire dans le code rural (art L253-1), les autres ministères, comme celui de la santé et de l’environnement, utilisent bien le terme de « pesticides ». Pourquoi donc être le seul ministère à utiliser un langage à ce point policé ?

Le mot « pesticides » a une connotation négative qui montre davantage l’aspect potentiellement dangereux de ces produits. Son utilisation peut contribuer à faciliter une politique de prévention. Plus qu’un détail, cette réticence ministérielle est le révélateur de références anciennes qui depuis trop longtemps sévissent et bloquent les évolutions nécessaires que notre système de formation doit intégrer.

Au final, sans être parfaite, cette rénovation, fruit d’une longue négociation, va dans le bon sens en insistant davantage sur les points essentiels de l’agroécologie.