Des ateliers philosophiques en terminale dès la rentrée 2021

Une bonne idée au départ ! Le ministère souhaite créer des « ateliers philosophie » pour les élèves de baccalauréat professionnel. Cette initiative évoquée depuis longtemps, notamment par le Sgen-CFDT, est intéressante : pourquoi en effet réserver les bienfaits de la philosophie aux élèves de LGT.

Des ateliers philosophiques en terminale dès la rentrée 2021Un article de Stéphane hardel et Jean-Luc Evrard

Ateliers philosophiques : une mise en œuvre qui relève du bricolage réalisé dans la précipitation

Une fois de plus, il s’agit d’une bonne idée proposée sans moyens supplémentaires. En effet, les établissements, dans le cadre « d’une autonomie encadrée » devront se débrouiller pour organiser les emplois du temps (dont la construction à l’issue de la réforme est déjà très problématique), trouver des professeurs pour de faibles quotités avec des moyens constants et en prenant des heures sur les différents dispositifs déjà existants (co-intervention et A.P)… Au nom de l’autonomie et du projet d’établissement, aux équipes de s’organiser, ce qui apparaît comme un paravent du ministère pour ne pas donner les moyens nécessaires… à la réussite de son propre projet !

Des dispositifs comme l’AP ou la co-intervention envisagés comme des options

Les heures nécessaires à la mise en place des ateliers, puisées dans les enveloppes de l’AP ou bien de co-intervention, remettent en cause ces mêmes dispositifs et accréditent l’idée qu’ils ne sont pas indispensables. Par conséquent, les principes qui justifient la réforme sont mis en doute par ses propres promoteurs !

Le dispositif serait réservé aux élèves volontaires. Là encore, c’est une maladresse. Les élèves de Lycée pro ont souvent une estime d’eux-mêmes dégradée et pensent que ce type de matière « intellectuelle » ne leur correspond pas, voire leur est hors de portée. Nous pensons que cela devrait être proposé à tous les élèves, sous une forme adaptée au public concerné.

Ateliers philosophiques : Les PLP écartés de ce dispositif

Le dispositif serait animé par un professeur de philosophie.

Pour les professeurs de LP, il s’agit d’une nouvelle fragilisation de leurs services et d’un manque de reconnaissance de leur travail.

C’est négliger le fait que de nombreux PLP, en particulier de lettres-histoire, peuvent avoir la formation nécessaire (passage par des classes préparatoires hypokhâgne-khâgne, formation universitaire…) pour enseigner la philosophie.

De nombreux PLP peuvent pourtant avoir la formation nécessaire.

C’est omettre aussi le fait que les programmes de lettres en bac pro ont souvent abordé des notions enseignées en philosophie, comme les philosophes des Lumières, la psychologie des contes, la psychiatrie, la notion d’identité (programmes de 2010), etc. De la même manière, les notions vues en histoire-géographie-EMC sont souvent proches de la philosophie politique (à nouveau, les philosophes des Lumières, mais aussi les notions de laïcité, liberté, égalité… dans le nouveau programme d’EMC).

Reconnaître le travail, former et certifier les PLP

Le Sgen-CFDT affirme que de nombreuses notions philosophiques sont et peuvent être enseignées par des PLP dans de nombreuses disciplines (lettres-histoire, éco-droit, PSE…).

Des formations doivent être proposées aux PLP et des certifications créées.

Qui connaît le mieux le public de lycée professionnel, ses capacités et la pédagogie qui lui est adaptée, sinon les PLP ? De nombreux professeurs de lettres-histoire semblent intéressés par ce dispositif.

Dans ce contexte, pourquoi ne pas créer des binômes certifiés-PLP ?

« La mise en œuvre des ateliers philosophiques exige du temps de préparation, des moyens adaptés. »