Conseillers pédagogiques et maîtres formateurs : reconnaître leur investissement !

Le Sgen-CFDT a rencontré les conseillers pédagogiques et maîtres formateurs de l’ANCN&MF. Le moins que l’on puisse dire est que leur lassitude est grande. Si les nouvelles formations en constellations leur permettent de retrouver le cœur de leur métier, leur travail n'est pas assez reconnu.

La situation dans les circonscriptions des conseillers pédagogiques est inquiétante. La surcharge de travail pousse nombre d’entre eux à retourner dans une classe et à fuir un métier trop chronophage et mal reconnu. Ainsi, depuis la rentrée de nombreux postes sont occupés soient par des faisant fonction, soit laissés vacants faute de candidat⋅es. Un comble quand on sait l’importance qu’ils peuvent avoir pour aider les équipes pédagogiques à la mise en œuvre de projets, de réflexions pédagogiques au sein des écoles. Pour le Sgen-CFDT, cette situation est très dommageable pour le système éducatif et privent les collègues d’un regard sur leurs pratiques pédagogiques.

Pourquoi cette fuite ?Animation, formation et accompagnement pédagogique le coeur de métier des conseillers pédagogiques

Le Sgen-CFDT avait déjà pointé précédemment le fait que de nombreux conseillers pédagogiques effectuaient des missions qui n’étaient pas leur cœur de métier : suivi PPMS, élaboration du DUERP, livraison de masques dans les écoles. Ces actions, outre le fait qu’elles soient indispensables pour le bon fonctionnement du système éducatif, montre les manques de l’école en matière de personnels capables de les remplir. C’est aussi quelque part gâcher l’usage de leurs compétences que de les utiliser pour faire de la maintenance…
Il conviendrait donc de renforcer les équipes des circonscriptions et surtout de mieux travailler avec les collectivités territoriales tant le PPMS et le DUERP sont du domaine du fonctionnement territorial.
Le Sgen-CFDT l’a pointé lors du dernier groupe de travail direction en privilégiant à ce titre le travail de proximité entre la mairie et le directeur, la directrice d’école. Si l’on ajoute à cela la nécessité d’aller glaner dans les écoles des informations pour telle enquête ou injonctions, les conseillers pédagogiques ont plus l’impression d’être des exécutants sans capacité d’initiative.

Préserver le sens des missions

Conseiller pédagogique, c’est avant tout être au service des enseignants pour les aider pédagogiquement à se poser des question, à utiliser de nouveaux outils, de nouvelles méthodes. Concevoir des dispositifs, créer grâce à cela de la proximité avec le métier d’enseignant et la classe leur donne la possibilité d’exprimer ce pourquoi ils sont souvent venus vers le métier de conseillers pédagogiques : la formation pédagogique et l’accompagnement des équipes, le partage de réflexion, de ressources et l’expérimentation sur le terrain.
Ainsi l’arrivée des formations par constellations va dans ce sens.
Attention cependant à ce que des nouvelles méthodes de formations collectives n’entraînent pas des tentatives de pilotage vertical, de mise en évaluation des enseignants par l’institution au travers de ce qui se passe dans les classes. Pour le Sgen-CFDT cela pose évidemment la question du regard extérieur sur la pédagogie en classe et la nécessité d’un travail en équipe.

Un enseignant, une classe ne peut plus aujourd’hui être la règle et la notion d’équipe pédagogique doit prendre tout son sens.

Des formations chronophages

Comme toute formation, le temps de conception est essentiel.
Les conseillers pédagogiques doivent ainsi y consacrer un temps important de leur quotité horaire en amont.
Ils doivent ensuite aller à la rencontre des personnels pour leur expliquer les tenants et les aboutissants.
Cela passe parfois par une nécessité de persuasion pour convaincre certains enseignants de l’opportunité d’y participer et ce malgré le caractère obligatoire posé par le DASEN et les IEN dans les académies.
Le problème des conseillers pédagogiques est que cela vient se surajouter à leurs missions initiales : accompagnement des professeurs des écoles stagiaires entre autre.
On assiste donc à une très forte augmentation de leur temps de travail au point que beaucoup ont préféré fuir le métier ou se questionnent sur la qualité de leurs interventions et leur capacité à être suffisamment à l’écoute compte tenu de toutes ces injonctions.

Le métier de conseiller pédagogique est donc devenu chronophage et mal reconnu.

Un manque de reconnaissance flagrant

L’autre problème réside dans le manque de reconnaissance avant tout financière.
Alors que les IEN ont perçu une prime Covid, les CPC qui sont souvent intervenus sur les écoles durant la crise sanitaire du printemps dernier, eux, n’ont rien obtenu.
Même chose pour cette rentrée avec la mise en place des constellations.
Et si l’on ajoute à cela que les conseillers pédagogiques qui ont des circonscriptions situées sur des zones de REP+ n’ont pas droit à la prime liée à ces territoires, ils/elles ont le sentiment d’être les oubliés du système.

Pour le Sgen-CFDT, il convient de porter la nécessaire reconnaissance du travail réel des conseillers pédagogiques en leur permettant d’avoir les mêmes conditions de rémunération, les mêmes primes que les autres, c’est un principe d’égalité.

Cela permettra aussi sans doute de retrouver de l’attractivité pour un métier indispensable pour la réflexion pédagogique nécessaire aux enseignants durant leur carrière.
Espérons que ceux-ci ne seront pas les oubliés des mesures de revalorisation qui devraient venir et promises par le Ministre.
Pour le Sgen-CFDT, au même titre que d’autres métiers, c’est une priorité qu’il portera au vu de leur investissement professionnel.