[2D] Ce que veut le Sgen-CFDT pour la maintenance informatique et numérique des lycées et collèges

Le Sgen-CFDT a envoyé une lettre ouverte au recteur et au président de la région Rhône Alpes dès le 05 Mai 2015 pour les alerter sur la situation de la maintenance informatique.

Le jeudi 18 février 2016, le Sgen-CFDT a été reçu au siège de la nouvelle région Auvergne-Rhône Alpes, par Madame Berthoux, représentante de la nouvelle majorité, et vice-présidente en charge des lycées pour évoquer un certain nombre de dossiers, dont celui de la maintenance informatique (voir plus bas).

A l’issue d’un dialogue de bonne qualité, nous avons proposé la tenue d’une concertation, dont l’objectif serait d’établir un état des lieux, en vue d’une harmonisation par le haut de ce qui se fait dans les différentes collectivités territoriales. Hautement souhaitable pour la maintenance informatique, cette harmonisation est également valable pour les ENT (Espaces numérique de travail) et pour bien d’autres sujets, la mutualisation étant un complément indispensable de l’autonomie.

A propos de l’ENT, le Sgen-CFDT a réaffirmé la nécessité de la correspondance une personne-un compte et de la gestion par les services de l’état des comptes. C’est le chef d’établissement qui est responsable des accès aux services (ENT et téléservices) et c’est lui qui attribue l’accès aux usagers. Les usagers ne doivent avoir qu’un seul identifiant, c’est celui délivré par le proviseur.

Enfin, le positionnement de la Région reste à éclaircir concernant le WIFI et les tablettes numériques.

Le point sur la maintenance informatique dans les lycées et les collèges :

La loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 oblige les collectivités territoriales à prendre en charge la maintenance du matériel informatique, des logiciels permettant l’usage des ordinateurs, et de ceux qui sont utilisés par les enseignants.

Dans le mouvement de la société, et sous la pression du ministère, l’usage du numérique pédagogique s’intensifie. S’il se diversifie (apparition des appareils mobiles, usage de partages ou de logiciels en ligne), une grande part des usages reste organisé dans chaque établissement autour d’un réseau pédagogique qui permet de distribuer et de contrôler l’usage des logiciels aux différents utilisateurs.

L’usage intensif de l’informatique voit de manière intrinsèque deux logiques s’opposer.

  • Celle de la maintenance qui privilégie une opérationnalité et une rationalité qui nécessite une certaine rigueur et donc une certaine rigidité.
  • Celle des utilisateurs qui ont sans cesse des nouvelles demandes, de nouveaux problèmes, et qui aiment avoir un service réactif à leurs demandes.

La situation est très contrastée d’une région à l’autre, d’un département à l’autre.

Ce qui ressort de manière assez forte, c’est que ces deux logiques peuvent s’accorder pour le plus grand bien de tous lorsqu’un effort de coordination est effectué.

Cette coordination s’incarne dans un dialogue entre le technicien chargé de la maintenance et un enseignant qui sert de relais entre le technicien et le reste de la communauté éducative.

Dans le département de l’Isère, dans la région Auvergne, ou dans la région PACA, des choix ont été faits dans ce sens.

Dans l’Isère, le conseil général a recruté des ANT (assistants numériques territoriaux) formés (par les services rectoraux). Ces derniers se rendent à minima une demi journée par semaine dans chaque collège. Le dialogue établi avec au moins un professeur référent technique (rémunéré avec une IMP) permet d’obtenir un service de maintenance pérenne, réactif, au service des équipes enseignantes, qui satisfait dans l’ensemble les usagers.

Las, le cas de l’ancienne région Rhône Alpes est d’une toute autre nature.

Après une expérimentation de recrutement de personnels dédiés à la maintenance (les EMIP) dans une partie de l’académie, expérimentation qui avait pourtant donné satisfaction, les élus de l’ancienne majorité ont finalement décidé de contractualiser la maintenance informatique, et un contrat a été signé entre la région et la société ATOS.

Ce contrat prévoit :

  • Une mise en œuvre d’une solution de gestion à distance des réseaux pédagogiques et des logiciels.
  • Une liste de 200 logiciels maintenus sur les 1200 recensés.
  • Une short liste supplémentaire de logiciels maintenus pour les lycées « spécialisés » professionnels ou technologiques.
  • Un espace d’expérimentation pour les enseignants sur lequel on dispose très peu d’informations.
  • Une gestion des incidents par système de ticket déposés par une personne compétente pour le faire dans l’établissement.

Malheureusement mal guidés par leurs services administratifs, les élus régionaux ont mis l’ensemble des lycées de la région dans une situation ubuesque et non professionnelle.

Premièrement, la mise en œuvre de la solution de gestion à distance est en retard.

Deuxièmement, les échos des lycées qui sont passés en mode maintenance par la société ATOS font état de non traitement des incidents, souvent par manque de compétences des techniciens. Certains établissements se retrouvent dans un état critique à quelques semaines des examens.

Troisièmement, la liste de 200 logiciels peut être légitimement vu d’une part comme une contrainte sur la liberté pédagogique, d’autre part comme une arnaque du contrat visant à faire payer pour tout logiciel ne figurant pas dans cette liste.

Quatrièmement, certains logiciels spécifiques ne font pas parti des listes sus cités.

Enfin, tout est prévu pour une maintenance à distance obérant toute possibilité de dialogue. Il ne s’agit donc pas d’un service à la disposition des utilisateurs, mais d’une maintenance imposée aux utilisateurs.