Rentrée scolaire 2023 dans le 1er degré : des moyens en décalage avec la politique éducative annoncée

Lors du Comité Technique Ministériel de l’Éducation Nationale du mardi 13 décembre, le ministère a présenté, académie par académie, les prévisions d'effectifs et les moyens alloués au 1er degré pour la rentrée 2023. Les moyens ne sont pas à la hauteur de la politique éducative souhaitée.

Un schéma d’emploi discutable

Presque toutes les académies ( sauf Nice, Mayotte et la Guyane) subissent une chute démographique qui porte le nombre d’élèves en moins à 49 699, soit une baisse générale de 0,9%.

 

A la rentrée 2022, le nombre de professeurs pour 100 élèves est de 5,93; il était de 5,84 à la rentrée précédente et sera de 5,98 en 2023.

Quant au nombre moyen d’élèves par classe, il est passé de 21,9 en 2021 à 21,7 en 2022 et devrait passer sous les 21,5 en 2023.

Si le schéma d’emplois arbitré est de – 1 117 ETP, il se traduit selon la DEGESCO par une mesure limitée à – 667  avec la répartition des emplois de stagiaires ( 900 mi-temps devenus temps pleins) considérés comme des moyens d’enseignement, ce que le Sgen-CFDT dénonce. Le métier d’enseignant est un métier qui s’apprend et, qui, comme pour tout apprentissage, nécessite un temps de formation dédié suffisant. Par ailleurs, les enseignant.es stagiaires doivent pouvoir être accompagnés, tutorés au sein des écoles et mettre en place des tuteurs de proximité  nécessite du temps et donc des postes supplémentaires.

Académies (2022) Évolution démographique par rapport à la rentrée 2022 (%) Nombre de professeurs pour 100 élèves en 2022 Nombre de professeurs pour 100 élèves en 2023 Évolution du nombre de professeurs pour 100 élèves entre 2022 et 2023 (%) Évolution des ETP pour l’année 2023 par rapport à 2022
Aix-Marseille -0,9 5,81 5,86 0,86 0
Amiens -2,2 6,2 6,3 1,61 -77
Besançon -2 6,08 6,14 0,99 -52
Bordeaux -0,7 5,68 5,71 0,53 -30
Clermont-Ferrand -1,6 6,2 6,25 0,81 -58
Corse -1 6,55 6,61 0,92 0
Créteil -0,8 5,96 6,02 1,01 65
Dijon -1,7 6,32 6,37 0,79 -72
Grenoble -0,7 5,55 5,59 0,72 0
Guadeloupe -1 7,77 7,78 0,13 -25
Guyane 3 7,42 7,36 -0,81 74
La Réunion -0,7 6,67 6,74 1,05 28
Lille -2,1 6,21 6,29 1,29 -150
Limoges -1,4 6,2 6,24 0,65 -23
Lyon -1,4 5,7 5,77 1,23 0
Martinique -1,4 8,82 8,82 0 -35
Mayotte 5,3 6,08 6,04 -0,66 168
Montpellier -0,7 5,83 5,88 0,86 17
Nancy-Metz -1,9 6,02 6,09 1,16 -85
Nantes -1,3 5,76 5,8 0,69 -78
Nice -0,5 5,39 5,46 1,3 60
Normandie -2 5,99 6,07 1,34 -99
Orléans-Tours -1,6 5,84 5,9 1,03 -81
Paris -2,9 6,59 6,64 0,76 -155
Poitiers -1,7 5,99 6,05 1 -60
Reims -1,6 6,52 6,57 0,77 -58
Rennes -1,2 5,73 5,77 0,7 -60
Strasbourg -1,1 5,61 5,65 0,71 -43
Toulouse -0,9 5,76 5,79 0,52 -42
Versailles -0,8 5,61 5,66 0,89 70

 

Des moyens insuffisants au regard des priorités ministérielles pour le 1er degré

Pour le Sgen CFDT, les créations de postes de ces dernières années n’avaient pas suffi à assurer l’ensemble des priorités politiques affichées et l’intensification du travail s’est poursuivie.

Comme la baisse des effectifs enseignants ne suit pas la baisse démographique, le ministère entend poursuivre la politique engagée en faveur de  »la maitrise des savoirs fondamentaux, de la justice sociale et de l’équité territoriale »:

  • Poursuivre le dédoublement des classes de GS en éducation prioritaire,
  • Poursuivre le plafonnement des classes de cycle ,
  • Accompagner l’école inclusive avec la création d’ULIS,
  • Accompagner les territoires ruraux : aucune fermeture d’école sans accord local.

Le ministère constitue aussi une réserve de postes, de 134 ETP, pour répondre aux engagements de la stratégie autisme.

Pour le Sgen-CFDT, si le maintien des classes dédoublées, voire leur renforcement permet d’améliorer le climat scolaire au sein des dites classes, il a, à côté de cela un effet délétère. En effet, de nombreux témoignages montrent que ce dispositif engendrent des effectifs de classes de cycle 3 souvent pléthoriques. Dès lors, ce sont les conditions d’enseignement et d’apprentissage des élèves qui se dégradent, la différenciation étant rendue difficile. Des moyens d’enseignement supplémentaires sont donc nécessaires en cycle 3.

La mise en œuvre de l’École inclusive sans moyens d’enseignement supplémentaires dans les écoles engendrent de nombreuses situations de souffrance au travail. Pour le Sgen-CFDT, il est urgent de mener une réflexion globale sur ce qu’est l’École inclusive et convoquer les moyens qu’elle nécessite pour se réaliser pleinement sans devoir bricoler et être source de bien-être autant pour les personnels que pour les élèves.

 

La diminution du nombre de postes est inquiétante au regard des besoins des écoles. En effet, aujourd’hui, les remplaçants ne sont pas assez nombreux au sein des académies au point que la tension sur certains départements est très importante. De même, les décharges de direction, notamment des petites écoles, ne peuvent être assurées en temps et en heure, comme convenu en début d’année avec les IEN. En effet, les moyens dédiés à ces décharges sont, par nécessité de service, affectés à des remplacements désorganisant le travail des directrices et des directeurs d’écoles. Ces directions d’écoles ne peuvent être considérées comme des variables d’ajustement pour couvrir les besoins de remplaçants dans les académies. Pour le Sgen-CFDT, alors que les moyens de remplacements sont déjà insuffisants, la suppression de postes ne va faire qu’accentuer ce manque et ce sont toutes les équipes qui vont devoir encore une fois assumer l’accueil au fond de leur classe des élèves des enseignants non remplacés, une situation pour le moins intolérable.

 

Ce n’est pas à coup de mesurettes ou de politique à courte vue que notre système éducatif pourra évoluer vers une École de la réussite pour toutes et tous, ni que le métier d’enseignant.e sera plus attractif.
L’Éducation Nationale a besoin d’une politique éducative ambitieuse et continue pour relever les défis et les transformations qui s’imposent.
La société évolue, les besoins éducatifs et pédagogiques évoluent, les conditions d’enseignement et d’apprentissage ne sont plus celles d’antan, n’en déplaise à certain.es ; les modalités de calculs des moyens d’enseignement doivent évoluer et les conditions de travail et de rémunération également.

Le Sgen-CFDT  dénonce le manque de moyens pour mener une politique éducative ambitieuse qui réponde aux besoins éducatifs et pédagogiques d’aujourd’hui.