« Les nouveaux ateliers doivent être la vitrine du lycée professionnel Roger Deschaux à Sassenage ». Voici les propos tenus par le Rectorat lors de la réception des nouveaux locaux en mai.
En effet, ce lycée professionnel spécialisé dans le domaine du bâtiment, par la réception de ses nouveaux locaux, souhaitait retrouver ses lettres de noblesse malheureusement perdues par des décisions administratives : suppression de la section STI génie civil, filières « bouche-trous »,…
Les mots ne bâtissent pas des murs
Toutefois, le poète Cratinos avait raison : « Les mots ne bâtissent pas des murs ». Voilà bientôt plus de dix ans que ce projet est né ! Celui-ci a eu de très nombreux retards liés à des méandres administratifs et techniques. Même si l’établissement possède en son sein de nombreux PLP spécialisés dans le domaine de la construction, cette conception architecturale est digne d’un bêtisier : les maçons ne peuvent pas nettoyer leurs outils (absence de laveuse), les peintres se retrouvent dans des ateliers aveugles et devront réaliser leurs travaux à l’aide de néons, sans oublier l’absence d’eau pour nettoyer les pinceaux, … La présence d’un immense pont roulant (charge max 5t) pour la section d’enseignement professionnel spécialisée dans la réalisation d’éléments préfabriqués en béton armé est un élément qu’un grand nombre d’entreprises souhaiteraient avoir dans leurs locaux. Mais il semblerait que la région – propriétaire des murs – n’a pas pris en compte le fait que cette section est fermée depuis plusieurs années ! Bref, le bon sens ne semble pas être le meilleur outil de l’administration régionale.
Des « petits détails »
Mais le paroxysme fut atteint en cette rentrée. Même si l’ancienne direction soulignait que : « À la rentrée, tout sera prêt, les enseignants devront uniquement se consacrer à leurs cours », l’équipe pédagogique a retrouvé une situation qu’elle appréhendait depuis plusieurs mois : les travaux ne sont pas terminés ! La liste de « détails », selon les propos de la maîtrise d’ouvrage, est très longue : le pôle énergétique (plombier, chauffagiste,…) n’est pas encore prêt (absence de gaz, machines en cours d’installation,…), le pôle bois n’a pas de système d’aspiration des poussières, les maçons n’ont pas de matériel électroportatif, absence de signalétique (numéro de salle,…). Tout cela pourrait être risible, malheureusement, le public qui doit intégrer les nouveaux ateliers est un public très fragile et difficile, en manque de repères. Devant ce constat, l’équipe pédagogique a déclenché plusieurs assemblées générales pour faire remonter l’ensemble des dysfonctionnements. Ces problèmes ont été transmis au Rectorat et à la région. Les différents responsables se sont présentés en mettant en avant une solution simple : « Certes, il existe quelques retards, toutefois les enseignants doivent développer leur créativité pédagogique… ». Ce qui dans un langage moins « administratif » signifie : « Au lieu de faire 8 heures d’atelier, vous devez conserver les élèves en salle de classe pour faire de la théorie ». Cette option réalisable, pour un public de classe préparatoire, est difficilement envisageable pour un public de CAP ! Concernant les travaux à terminer, proposition de la maîtrise d’ouvrage : réaliser les travaux par zone en « évitant » la présence d’élèves !
Mobilisation des enseignants
Devant une telle situation, ce lundi 5 septembre, les enseignants se sont réunis pour décider de ne pas accueillir les élèves car les conditions d’accessibilité et de sécurité n’étaient pas réunies. Pendant trois jours, ils ont préparé, rangé, installé les différents supports (informatique, matériels,…). Initialement, ces travaux étaient inclus dans des marchés mais n’ont pas été réalisés par les entreprises. Les élèves seront de nouveau accueillis ce jeudi matin à 8h. Toutefois, l’équipe pédagogique attend les propositions de planning d’intervention de la part de la région et du rectorat afin d’éventuellement renouveler et poursuivre cette mobilisation.
Voir le reportage de France 3