Qui veut vraiment défendre le « travailler plus pour gagner plus » ?

Depuis 2008, une prime de 500€ était attribuée aux collègues du second degré qui ont au moins 3 HSA (heures-supplémentaires-année).
Cette prime de 500€ a été supprimée : pourquoi ce n'est pas un scandale.

Un peu d’histoire

Cette prime était une mesure phare de la « revalorisation à la Sarkozy ». En 2008, Nicolas Sarkozy commençait alors le grand « dégraissage » de postes dans l’Education Nationale. Les suppressions massives de postes avaient en partie été compensées par des heures supplémentaires. Le gouvernement communiquait sur le fait que cela ne changerait rien pour les élèves (même nombre d’heures de cours) et que les profs, moins nombreux certes, mais qui avaient beaucoup de temps libre comme tous les fonctionnaires, allaient pouvoir augmenter leur salaire (bientôt gelé) en prenant des heures supplémentaires. Officieusement, face à la difficulté qu’avaient les chefs d’établissement à faire accepter l’augmentation massive d’HSA, la prime permettait de donner un argument supplémentaire.

Évidemment toutes les organisations syndicales à l’époque avaient protesté contre cette mesure.

Qu’est-ce qui justifierait aujourd’hui le maintien de cette prime ?

Les collègues qui prennent des heures supplémentaires (il ne s’agit pas de les culpabiliser; à certains moments de la vie on a plus de temps, ou on a besoin de plus d’argent), ces collègues donc sont payés pour cela. Qu’est-ce qui justifierait qu’au-delà de 3 HSA on ait une prime ?

S’il s’agit d’augmenter les revenus des collègues, pourquoi limiter alors la distribution de cet argent à ceux qui ont l’opportunité ou la possibilité de travailler plus ? Il n’y a pas tous les ans, dans tous les établissements et dans toutes les disciplines la possibilité de prendre des HSA. De même, une grande partie des personnels n’ont par fonction aucune possibilité de prendre des HSA (Professeurs des Ecoles, COP, CPE, personnels administratifs par exemple). Il est bien plus équitable d’utiliser cet argent pour le redistribuer à tous les personnels dans le cadre du PPCR (même si cela représentera une toute petite partie des 5 milliards prévus par an). Notons que celui-ci apportera environ 100 euros de plus par mois en moyenne sur la feuille de salaire pour tous les agents : la perte de la prime sera largement compensée pour les quelques-uns qui l’auront perdue !

Abrogation de la prime mais progrès pour le plus grand nombre

L’abrogation du décret de 2008 instaurant une prime de 500 € pour 3 HSA dans le second degré n’est pas une surprise, puisque le projet de texte a été soumis aux organisations syndicales représentatives (FSU, UNSA, SGEN-CFDT, SNALC, FO et SUD) lors du comité technique ministériel du 12/07/2016. Les organisations syndicales savaient que ce texte paraîtrait sans savoir quand précisément, mais il fallait qu’il paraisse avant la rentrée et la définition des services.

Bien sûr, le calendrier ministériel est inacceptable : les annonces, faites après la répartition des services, mettent en difficulté les enseignants qui ont accepté ces heures supplémentaires comme les chefs d’établissement les ayant attribuées.
Les syndicats, dont le Sgen-CFDT, qui ont approuvé la fin de la prime de 500 euros mettent en pratique les principes d’équité et de progrès qui bénéficient au plus grand nombre. Seules deux organisations syndicales (SNALC et FO, soutenues par le collectif Racine proche du Front National) ont voté contre, utilisant ainsi les ressorts de l’individualisme (elles défendent une prime dont une grande partie des personnels ne peut pas bénéficier).

On comprend aisément que le Sgen-CFDT ne va pas contester une disposition promulguée certes juste avant la rentrée mais qui va dans le sens de nos préoccupations : accorder une amélioration durable des rémunérations sans préjudice de l’amélioration des conditions de travail.

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