Direction d’école : pour le Ministère l’urgence n’est que médiatique

« Biscuit » plutôt que « gâteau »… En effet, il semble bien que ce ministère ne veuille pas entendre l’urgence de la situation des directeurs et des directrices d’école. Cet élément de langage résume bien le groupe de travail Direction qui s’est tenu ce mardi 24 novembre, tant les écarts entre les attentes syndicales (et celles du terrain) et les propositions ministérielles sont grands.

Un énième groupe de travail Direction pour un résultat bien maigre

Deux leviers issus des annonces du Ministre étaient à l’ordre du jour de ce nouveau groupe de travail direction (le 8ème en un an) :

• la ventilation des 600 emplois supplémentaires octroyés au Ministère de l’EN pour la rentrée de septembre 2021
• et l’enveloppe de 21 millions d’euros au titre des mesures catégorielles du Grenelle des enseignant.es.

Alors que d’autres ministères subissent une austérité forte dans le cadre du budget 2021, une hausse des postes spécifiquement pour la direction d’école et une enveloppe de 21 millions d’euros pourraient passer pour des avancées.
Mais, il ne faut pas oublier que les gouvernements successifs n’ont eu de cesse d’affirmer qu’il fallait donner les moyens à la direction d’école sans pour autant flécher des postes pour permettre d’accéder à une amélioration des conditions de travail des directrices et directeurs. Un exemple :

la décharge de direction pour les écoles de 10 classes est identique (demi-décharge d’enseignement) depuis… 1980 : 40 ans sans que rien ne bouge !

Décharge de direction, vers un toilettage à la marge

Concernant les scénarios évoqués ce mardi 24 novembre par le Ministère, les leviers tournent donc autour d’un retoilettage des décharges de direction.

Pour le Sgen-CFDT, même si l’effort budgétaire en postes est réel, cette première étape est insuffisante pour satisfaire une majorité des personnels.
Ainsi, de nombreux directeurs et directrices d’école ne verront pas leur temps de décharge augmenter, le Ministère n’engageant aucun plan pluriannuel, pourtant essentiel dans la perspective de l’amélioration des conditions de travail de toutes et tous.

Priorité aux écoles d’une à trois classes…

La DGESCO a donc soumis aux organisations syndicales des propositions quantitatives et qualitatives pour l’utilisation des 600 postes supplémentaires spécifiquement octroyés à la direction d’école.
La priorité du Ministère semble très clairement porter sur une amélioration « sensible » des décharges des écoles d’une à trois classes, répondant à l’une des demandes des organisations syndicales lors des groupes de travail précédents.

Dans une logique purement comptable, la DGESCO a alors exposé une clé de calcul permettant d’estimer quels types d’école pourraient bénéficier de décharges supplémentaires – évidemment contraint par le cadre budgétaire des 600 postes dédiés.
Cela conduirait à abonder, à la marge, certaines décharges existantes mais à un niveau beaucoup trop insuffisant pour rattraper les insuffisances budgétaires de ces dernières années.
Ainsi – pour prendre un exemple concret – le passage à une décharge d’une journée toutes les deux semaines pour les écoles de 3 classes (contre un jour mensuel actuellement) correspondrait à une dotation de 338 emplois, soit plus de la moitié des ETP affectés à la direction d’école ! Retrouvez la totalité des simulations et estimations budgétaires en fin d’article.

Un plan pluriannuel Direction est nécessaire

Le Sgen-CFDT dénonce des marges de manœuvre qui sont donc extrêmement limitées, et qui dénotent l’absence d’une réelle volonté politique.
Les seules communications élogieuses du Ministre sur le professionnalisme des directeurs et directrices d’école ne peuvent plus suffire, il est désormais de la responsabilité des autorités ministérielles de donner les moyens à la hauteur des missions qui leur a été confiées. Et à ce titre, le Sgen-CFDT entend continuer à peser pour obtenir cette reconnaissance tant attendue.

Outre la nécessité d’obtenir de nouvelles avancées dès 2021, le Sgen-CFDT continue de militer pour la mise en œuvre d’un plan de montée en charge pluriannuel.

Concernant la rémunération, trois scénarios pour une seule enveloppe restreinte

Pour 2021, une enveloppe spécifique de 21 millions d’euros sera à répartir, a priori mensuellement, aux 45 000 personnels en charge d’une direction.

Le ministère, par la voix de la DGRH, a proposé aux syndicats 3 scénarios :

• le renouvellement d’une prime annuelle de 450 euros lissée mensuellement pour tous les personnels en charge d’une direction, soit 37,5 euros par mois ;
• une revalorisation indemnitaire par le biais de l’indemnité ISS (Indemnité de Sujétion Spéciale) de 404 euros (33,7 euros par mois) pour les écoles d’une à 3 classes, de 449 euros (37,4 euros par mois) pour les écoles de 4 à 9 classes et de 494 euros (41,2 euros par mois) pour les écoles à 10 classes et plus ;
• une autre revalorisation différenciée de l’indemnité ISS (Indemnité de Sujétion Spéciale) allant de 200 euros (16,7 euros par mois) pour les écoles d’1 à 3 classes à 575 euros (47,9 euros) pour les écoles comprenant plus de 4 classes.

Insuffisant au regard des responsabilités des directeurs et directrices d’école

La symbolique du « gâteau » face au partage du « biscuit » prend ici tout son sens. Faute d’une perspective de revalorisation sur plusieurs années, cette enveloppe demeurera insuffisante pour répondre aux responsabilités croissantes exercées par les directeurs et directrices d’école.

Une nouvelle fois force est de constater que malgré l’insistance de notre organisation,  le Ministère n’a pu fournir aucune prévision d’une possible revalorisation s’établissant sur plusieurs années pour enfin rémunérer à une juste hauteur et une juste valeur les directrices et directeurs…

Indemnité 2020 non versée : le Sgen-CFDT est intervenu

Le Sgen-CFDT a également profité de ce groupe de travail pour interroger le Ministère sur un éventuel défaut de la mise en paiement de la prime de 450 euros sur la paye de novembre 2020.
En effet, des remontées de terrain nous laissent penser que le versement sera finalement effectué en décembre, voire au début de l’année 2021. La réponse de la DGRH vient de nous être communiquée : une majorité d’académies va verser la prime en novembre (et il sera compliqué de la verser en 2021).
Pour autant, nos équipes syndicales locales ont des réponses qui tendent vers un versement majoritairement en décembre.
Dans tous les cas, n’hésitez pas à nous contacter pour faire connaître toute difficulté de paiement.

Un travail qui se poursuit, des revendications qui continueront d’être portées

Le Sgen-CFDT continuera de faire des propositions lors du prochain groupe de travail du 7 décembre. Une réponse et une réaction forte du Ministère sont attendues , sinon les directeurs et directrices continueront d’aller de déceptions en déceptions.
Ces annonces ne sont en effet pas à la hauteur de la communication dithyrambique du Ministre, saluant sans cesse le travail des directeurs et directrices d’école. Les personnels attendent donc des actes qui rendent compte de ces paroles.

Une véritable reconnaissance de l’engagement de ces personnels qui ne peuvent plus se contenter d’avancées substantielles, au risque de les voir définitivement quitter ce métier.

 

Estimations des besoins nécessaires à l’octroi de décharges supplémentaires pour 2021 – rappel de la dotation ministérielle actuellement proposée : 600 ETP

Taille de l’école	Décharge actuelle	Décharge possible	Coût de l’évolution de décharge
1 classe	4 jours / an	6 jours / an	60 emplois
2 classes	10 jours / an	12 jours / an 18 jours / an	74 emplois 294 emplois
3 classes	10 jours / an	18 jours / an	338 emplois
7 classes	¼ de décharge	½ décharge	245 emplois
9 classes en élémentaire	1/3 de décharge	½ décharge	256 emplois
13 classes en élémentaire	½ décharge	décharge totale	360 emplois

 

Pour comprendre les indemnités spécifiques à la direction d’école, voici un article complet : Indemnités et bonifications actuelles