Enquête AESH : le PIAL fortement mis en cause

Si une petite part des expressions relevées sur les PIAL montre des échos d’expérience plutôt positives, ou considérées comme ayant peu d’impact, une large majorité décrit de grandes insatisfactions. Retrouvez ici ce que vous en avez dit.

Les PIAL sont fortement mis en cause et l’expression « Je trouve qu’on est considéré comme des pions » revient de manière significative.

Ce qui rend difficile l’approche du PIAL, c’est la nette impression que ce qui guide la gestion quotidienne est très rationnel et vise avant tout à mettre « sur le papier » un·e AESH au côté d’un enfant ou d’un jeune. Les AESH déplorent qu’on ne tienne pas assez compte ni de ce qu’ils et elles sont comme professionnel·lle, ni comme personne, ni de l’intérêt de l’enfant. Une personne va même jusqu’à parler de « déshumanisation de notre job ».

De nombreuses difficultés d’organisation mais aussi de communication et de lisibilité des fonctionne-ments sont soulignées.

Pour le Sgen-CFDT, il est grand temps de faire un bilan de la mise en œuvre des PIAL pour réajuster les fonctionnements dans l’ensemble des académies. Un premier bilan global a été présenté lors du CTMEN de mars 2021.

Nous demandons également, la mise en place dans chaque académie d’un observatoire paritaire de l’organisation des PIAL. Celui-ci serait chargé de constater les évolutions de la gestion des PIAL et d’établir des préconisations. « Il faut lui donner les moyens de ses ambitions.» disait un AESH.

PIAL : Quelques expressions positives ou mesurées…

  • « Le PIAL est en train de se construire et je pense qu’il faut attendre la fin de l’année afin de dresser un bilan. C’est une « machine » complexe qui a besoin que tous ses protagonistes la construisent ensemble. »
  • « Points positifs : le fait d’avoir un coordonnateur et un AESH référent permet d’avoir un interlocuteur au plus près du terrain. Ils connaissent mieux les AESH et les élèves notifiés. »
  • « Points négatifs : jouer en permanence avec l’emploi du temps des AESH, un personnel réduit, un accompagnement dégradé. »
  • « Je trouve ça bien pour le moment j’ai été absente suite au Covid et mon élève a pu avoir une remplaçante grâce au PIAL…on en est qu’au début donc j’attends de voir par la suite si c’est vraiment une bonne chose. »
  • « Petit PIAL avec une cheffe d’établissement à l’écoute, du coup ça se passe bien. »

…Et de nombreuses difficultés évoquées

  • « Oui, remarque négative car je travaille dans un PIAL depuis Septembre 2020 et j’ai dû arrêter l’accompagnement de l’élève que je suivais depuis 3 ans subitement. La maman n’a pas compris non plus cette situation. J’avais un 2ème emploi que j’ai dû abandonner car pas de possibilité de quitter le collège plus tôt pour pouvoir honorer la garde d’enfants que je faisais. Aucune considération pour ce que nous sommes et ce que nous pouvons apporter aux élèves. Il y a une gestion des AESH qui est incompréhensible. Nous devrions connaître nos affectations pour les rentrées suivantes en Juin. Nous avons le droit de pouvoir organiser nos vies en fonction de nos emplois du temps. C’est un métier dit « humain » mais qui est remis en question par l’installation des PIAL. J’ai demandé à ne plus faire partie de ce PIAL. »

L’espoir déçu d’un temps de travail augmentéEnquête AESH : le PIAL fortement mis en cause

Plusieurs expressions montrent que des AESH attendaient du PIAL qu’il leur permette d’augmenter leur temps de travail.

  • « Pour l’instant, ma demande de passer d’un contrat de 21h/semaine à 24h/semaine n’a pas abouti. »

On ne tient pas compte de la personne

  • « J’accorde une grande importance à mon métier que je pratique avec dévotion. Je me donne à fond pour aider les élèves que j’accompagne. Or, cette année c’est une grosse galère. On m’accorde un enfant en maternelle, niveau que je ne demande jamais car j’ai un handicap au niveau des cervicales et j’en souffre énormément. La DSDEN ne prend pas en compte nos souhaits. C’est bien dommage ! »
  • « Parfois, les affectations dans les écoles sont très éloignées du lieu de résidence de l’AESH. »
  • « Les AESH sont tributaires des aléas du PIAL (changements d’Emploi du temps, de notification…) sans avoir aucun avantage en retour »
  • « Avec le nouveau PIAL on nous impose des déplacements entre établissements sans notre accord. A la base, on n’a pas signé pour ces changements. »
  • « Certains AESH n’aiment que le collège. d’autres que la maternelle, d’autres que la primaire car ils aiment créer une relation efficiente avec un interlocuteur unique (instit) ce qui permet une réactivité plus grande, d’autres aiment tous les niveaux. Il faut vraiment que nos référents PIAL et DSDEN évoluent aussi dans ce sens. Dernière chose, le respect des compétences de chacun, je suis spécialiste des troubles « Dys » et « TADH » avec adaptation au travail en primaire. Et on nous colle en maternelle avec d’autres pathologies. C’est comme si on demandait à un prof de math de collège de devenir prof de lycée en français, c’est la même chose. »
  • « On nous a répondu qu’on regardait l’ancienneté de la personne sur la carrière mais pas l’ancienneté sur l’établissement et ça, ce n’est pas normal ! »
  • « Le « jeu des chaises musicales » concernant les affectations des AESH avec des changements successifs d’établissements (plusieurs en l’espace de quelques jours) sans en connaitre la raison alors qu’ils sont déjà en place depuis plusieurs années dans un établissement et y prennent en charge des enfants. »

Le saucissonnage des missions

  • « Je travaille dans 2 établissements différents, avec 5 élèves différents,  avec 4 classes différentes et tout ça sur un 24h, je trouve ça inadmissible surtout lorsqu’on me réponds que c’est pour faire attention à l’argent de l’État ! Mais fait-on attention aux réels besoins des élèves ?! »
  • « En collège, lycée on nous rajoute des élèves mais pas d’heures du coup un élève qui est censé bénéficier d’un accompagnement individuel et à temps plein se retrouve avec 4/5 h par semaine et encore ! »
  • « Je suis sur 4 établissements, le point positif, la diversité du travail et des expériences. Mais 4 établissements c’est quand même de trop, 3 établissements devrait être un maximum. »

Des problèmes de déplacement

  • « Ce n’est pas mon cas mais beaucoup se plaignent d’être sur plusieurs établissements et doivent se déplacer plusieurs fois dans la journée pour passer d’un établissement à l’autre, ce n’est pas très humain. Puis la gestion des affectations qui ne sont pas toujours logiques en fonction du lieu d’habitation. »

Trop de fractionnement et réduction du temps par élève…

  • « PIAL = moins d’heures pour les élèves et mauvaise gestion pour les AESH. »
  • « La tendance au fractionnement d’accompagnements d’élèves différents sur une même semaine ne permet pas / plus de faire progresser certains élèves qui auraient besoin d’une présence plus conséquente. »
  • « Je ne me plains pas, pour l’instant, de la coordinatrice du PIAL qui me semble être à l’écoute. Seulement, je me déplace d’un établissement à un autre car je suis plusieurs élèves, ce sont des conditions de travail déplorables car inadaptées pour les élèves et moi-même. Accompagner plusieurs élèves signifie que je ne suis pas, en terme de nombre d’heures, beaucoup avec eux et que je travaille à vue, sans un suivi permanent et bien évidemment, ce que l’élève n’a pas compris lorsque je ne suis pas présente pour le lui expliquer est perdu car je ne peux pas lui faire revoir tous les cours auxquels je ne peux pas assister. »
  • « C’est la parfaite illustration de l’expression « déshabiller Pierre pour habiller Paul » »
  • « Avoir quand même un quota maximum (4) d’élèves à suivre sinon ce n’est pas gérable surtout au collège ou lycée. »
  • « On travaille à plusieurs intervenants, chacun à sa façon, à son rythme et l’enfant peut s’y perdre. La quantité a pris le dessus sur la qualité. On a l’impression d’être des yoyos de classe en classe. 3 élèves en même temps dans une classe… c’est faux de dire que chacun a besoin de nous à des moments différents ; les pathologies sont de plus en plus lourdes et envahissantes sur le temps scolaire, l’enfant a besoin à tout moment d’une aide plus ou moins ponctuelle mais réelle. On ne peut plus travailler efficacement pour le bien des enfants. »

aesh pial…Qui ne sert pas l’accompagnement de l’élève

  • « Justement, la coordinatrice, compte-tenu des circonstances actuelles (présence alternée des élèves) a modifié nos emplois du temps pour les « optimiser » au niveau horaire. Elle m’a enlevé la majeure partie des heures de suivi avec mon élève principal pour les mettre à une autre AESH et me confier un autre élève. La mère s’en plaint et je trouve qu’il n’est pas du tout souhaitable pour le suivi de l’élève de lui affecter plusieurs AESH. Au contraire, on perd le fil, et l’accompagnement s’en trouve moins efficace car irrégulier. Ceci-dit, une coordinatrice peut-être utile pour centraliser nos affectations et emplois du temps car nous n’avions pas de « référent » auparavant. Mais attention aux répartitions hasardeuses!!!! »
  • « Le PIAL n’est pas du tout avantageux pour les enfants mutualisés à qui on enlève des heures. Ni pour nous AESH qui voyons notre travail inachevé a cause de ce manque d’heures. Et puis les enfants mutualisés se voient enlevés leur AESH au détriment d’un enfant individualisé lorsque l’AESH de l’enfant individualisé est absente. »
  • « L’inconvénient est la mutualisation. Il est parfois difficile de s’occuper de plusieurs enfants en même temps qui ont des handicaps différents. »
  • « Certains enfants n’ont que 5 heures par semaine, ça me semble peu pour certains mais à priori ils n’ont droit qu’à ce nombre d’heures. »

Tenir compte des compétences des AESH

  • « Je pense qu’on devrait spécialiser les AESH. Exemple : une AESH formée pour des élèves sourds et/ou malentendants qui pourrait bénéficier d’une formation LPC ou LSF, ou encore une AESH formée pour les enfants présentant des troubles autistiques avec des outils de communication (comme des cartes), ou pour le comptage, l’écriture etc. Bien que chaque élève est diffèrent, y compris pour un même diagnostic, il me semble pertinent de spécialiser les AESH tout en leur permettant d’accompagner d’autres élèves dans d’autres formes de handicap. »

La mobilité

  • « La non possibilité de postuler au poste d’AESH référent (Pas d’appel de candidature) puisque ce poste est attribué par le pilote du PIAL à des AESH travaillant dans son entourage. »
  • « Et malheureusement après 15 ans d’expérience et d’exercice en région parisienne. J’ai dû démissionner le 30 août pour m’installer en Vendée. Et oui malheureusement notre métier malmené, non reconnu nous permet pas de demander une mutation. HORRIBLE. »

Le remplacement

Le non remplacement des AESH est un problème récurrent qui met à mal les élèves comme les personnels.

  • « Au niveau du PIAL, je pense qu’il serait bien que l’ensemble des AESH d’un PIAL connaissent le suivi et les aménagements des élèves d’un même PIAL afin de pouvoir avoir des éléments dans le cadre d’un remplacement ou un changement d’AESH afin qu’il y ait une continuité pour l’élève accompagné. »
  • « Pas de remplacement en cas de maladie, même sur plusieurs semaines. Alors à quoi cela sert-il ? »
  • « Oui, il faudrait prévoir des remplaçants AESH dans chaque PIAL. »

Des difficultés de communication, d’organisationEnquête AESH : le PIAL fortement mis en cause

  • « Le responsable du PIAL ne répond pas aux mails. J’ai envoyé un mail à la rentrée de novembre pour obtenir de nouveaux masques (qui date de mai) et aucune nouvelle. »
  • « Le PIAL ne gère pas en temps et en heure les documents administratifs importants. »
  • « Manque d’informations du PIAL, qui fait quoi, aucune réunion avec AESH et le PIAL »
  • « Par contre cela rajoute un interlocuteur supplémentaire en cas d’absence, de demande d’ASA etc. »
  • « Peut-être que nous envoyer un document à signer sans aucune explication sur ce que c’est et comment ça fonctionne est à revoir. »
  • « Trop d’interlocuteur pour avoir 1 réponse. Suivant notre question, on n’a pas à faire à la même personne. »
  • « Je ne vois aucun changement depuis la création du PIAL si ce n’est que toutes démarches soient encore plus compliquées. »
  • « On fait des vœux et on formule des contraintes à nos DSDEN qui ne sont pas redescendus aux référents PIAL, donc on doit se battre avec eux pour avoir un planning conforme.»

Des changements du jour au lendemain

C’est aussi un point qui revient très souvent.

  • « Quand on nous change de poste, on ne nous demande pas notre avis, et nous sommes avertis au dernier moment. Impossible de dire au revoir, ni d’expliquer à l’élève pourquoi on s’en va. »

Le coordinateur du PIAL

  • « Le coordinateur du PIAL essaie de faire du mieux qu’il peut, mais il est directeur de SEGPA et n’a pas de temps de décharge pour pouvoir se concentrer sur ses missions au sein du PIAL. Peut-être qu’il faudrait également envisager de revaloriser cet engagement.»

L’AESH référent·e

  • « En tant qu’AESH Référent, il est difficile d’accepter de ne pas avoir une revalorisation du salaire, de l’indice ou une prime puisque les AESH référentes sont choisies pour leur expérience. »
  • « Je suis depuis peu AESH Référente du PIAL. Au bout de 12 ans dans le même établissement, je souhaitais varier un peu mes missions et surtout voir mon statut évoluer. J’ai choisi cette nouvelle mission essentiellement pour transmettre mon savoir-faire, rencontrer et accompagner mes collègues AESH. Mais quelle déception car une fois de plus, nous AESH sommes exploitées et devons faire les sales besognes ! Nous subissons la pression des administrations à rendre des chiffres pour privilégier l’aide mutualisée et rationaliser la gestion des AESH. Encore une restriction budgétaire qui a de graves conséquences sur la qualité de l’accompagnement des élèves en situation de handicap. Je ne peux pas cautionner un tel dysfonctionnement et de telles aberrations. Comment tenir dans de telles conditions de travail ? Comment trouver la force de s’investir encore quand on fait du bénévolat et qu’après 12 ans d’ancienneté, toujours aucune reconnaissance, aucune revalorisation de salaire mais surtout pas de « vrai métier » ! »

Dans  les suites de l’enquête, le Sgen-CFDT complète son cahier revendicatif sur les PIAL. Des articles spécifiques y seront bientôt consacrés.