Conseil supérieur de l’Éducation du 30 juin 2020 : déclaration liminaire du Sgen-CFDT

Circulaire de rentrée, engagement des acteurs de la première ligne, prévention du décrochage scolaire et évaluations nationales... L’année 2019-2020 a confirmé l’épuisement du modèle de pilotage par les procédures définies nationalement dans leurs moindres détails...

Conseil supérieur de l’éducation
30 Juin 2020
Déclaration liminaire

Madame la directrice, mesdames et messieurs les membres de ce CSE

la circulaire de rentrée n’a toujours pas été publiée…

Force est de constater que la circulaire de rentrée n’a toujours pas été publiée… La rédaction de cette circulaire est d’ordinaire un exercice formel car les personnels n’attendent pas ce texte pour organiser leur travail. Cependant les conditions très particulières de cette rentrée nécessitent cette année une mise au point : la circulaire de rentrée pour qu’elle ait une utilité doit définir clairement quelques grandes orientations et scénarios et laisser le maximum de moyens et de marges aux équipes pour les mettre en œuvre.

Reconnaître l’engagement des acteurs de terrain et leur agilité autrement que par des open badges…

Les acteurs de la première ligne éducative ont en effet démontré que même en l’absence de prescrits ils étaient capables d’assurer dans l’immense majorité un travail de continuité pédagogique efficace et de qualité. La période a mis en lumière la puissance créatrice des acteurs de terrain qui demeurent les mieux armés pour trouver localement les solutions adaptées à leur public et à leur territoire. L’institution devra reconnaître cet engagement et valoriser cette agilité autrement que par des open badges. Cela doit encourager à faire confiance aux équipes enseignantes et de direction pour mettre en œuvre et co-construire une autonomie responsable et garante des valeurs de l’École.

Déployer des moyens pour prévenir le décrochage scolaire…

Or les informations disponibles sont préoccupantes car elles laissent penser que ce n’est pas la feuille de route qui s’esquisse. Un seul exemple, celui de la lutte contre le décrochage scolaire et des évaluations. S’il ne fait pas de doute que la situation de confinement a creusé les écarts ce sont bien les dimensions pédagogiques de ces inégalités qui ont été les plus agissantes. Certains élèves ont pu connaître une période de rupture ou de désengagement scolaire mais il est inapproprié de parler comme on le fait trop souvent d’un décrochage scolaire puisque cette expression désigne un processus de plusieurs années qui mène à une sortie sans qualification ni diplôme.

Les « évaluations nationales robustes » de maths et de français en CP, CE1, 6e et 2de seront des outils inadaptés…

L’enjeu va donc être de prévenir le décrochage scolaire en déployant à la rentrée des moyens pour accompagner et tutorer chaque élève dans ses apprentissages après avoir réalisé un diagnostic des besoins des élèves. Mais les « évaluations nationales robustes » de maths et de français en CP, CE1 6e et 2de seront des outils inadaptés à cette démarche. Par leur ciblage sur les fondamentaux qui ignore certains acquis non-académiques qui mériteraient d’être valorisés. Par leur calendrier qui débute mi-septembre pour produire tardivement des résultats jugés souvent inexploitables.

Par leur caractère imposé enfin :

  • s’il s’agit d’évaluer le système éducatif la méthode de l’échantillonnage par sondage semble plus appropriée
  • mais s’il s’agit d’évaluer les besoins des élèves il faut faire confiance au professionnalisme des enseignants, leur proposer éventuellement des outils et laisser les équipes faire les choix adaptés à leur public.
L’épuisement du modèle de pilotage par les procédures définies nationalement…

L’année 2019-2020 a confirmé l’épuisement du modèle de pilotage par les procédures définies nationalement dans leurs moindres détails qui non seulement ne garantissent pas l’égalité républicaine mais de plus se révèlent très peu résilientes face aux crises. S’il y a une inflexion à attendre de l’après-crise, elle est bien à ce niveau-là.