5 décembre : la position du Sgen-CFDT Académie de Grenoble.

Le début du mois de décembre approche et le sujet des retraites est de plus en plus au cœur des préoccupations. Le Sgen-CFDT de l’académie de Grenoble en a débattu longuement.

La réforme des retraites approche donc et chacun.e semble sommé de se positionner. Pas simple, alors que l’on est loin de disposer de tous les éléments nécessaires. Au Sgen-CFDT de l’académie de Grenoble certains points font cependant consensus.

  • Le système de retraites actuel est injuste. (Voir l’infographie) Il pénalise fortement les femmes, les polypensionné.e.s (de plus en plus nombreuses et nombreux dans l’Éducation nationale) et plus globalement les plus précaires. Les effets des réformes de 2010 et 2013 ne vont faire qu’aggraver cette situation, en allongeant notamment les durées de cotisation, et avec les effets de la décote. La CFDT se mobilisa longuement en 2010 contre la réforme proposée par le gouvernement Fillon. C’est celle-ci qui s’applique aujourd’hui et en cohérence nous ne pouvons en être satisfaits. Pour nous une réforme est donc indispensable !infographie
  • Cependant, une réforme paramétrique, qui viserait à faire des économies, en allongeant la durée de cotisation par exemple, n’est pour la CFDT pas nécessaire. Les déficits actuels du système de retraites sont bien davantage dus à des politiques peu adaptées (heures supplémentaires défiscalisées, gel du point d’indice des fonctionnaires) qu’à des problèmes quant à l’âge de départ en retraite ou à la durée de cotisation. La CFDT a rappelé ce jeudi 21 novembre ses exigences pour une réforme de justice sociale.
  • Le projet de réforme des retraites du gouvernement n’est à ce jour pas connu ! Le rapport Delevoye, rendu à la fin de l’été en a posé les bases, mais de nombreux éléments restent flous et les différences entre rapport et réforme peuvent être sensibles. Certains points correspondent à des revendications anciennes de la CFDT (un régime à points, universel mais pas uniforme). D’autres posent davantage souci (par exemple l’idée d’âge pivot).
  • Appliqué en l’état, le rapport Delevoye dégraderait fortement les pensions des personnels de l’Éducation nationale à long terme. C’est un point qui ne fait pas débat, reconnu par l’ensemble des syndicats mais aussi le ministre de l’Éducation nationale et le président de la république.
  • En conséquence, il faut prévoir des compensations au cours de la carrière, qui permettent de maintenir le niveau des pensions enseignantes. Ces compensations doivent aussi permettre une revalorisation salariale progressive sur plusieurs années qui est indispensable pour nos métiers. La revendication du Sgen-CFDT est simple : gagner plus aujourd’hui pour gagner autant qu’avant à la retraite.
  • Des discussions se sont ouvertes sur ces compensations. Le stade du constat n’a pas encore été dépassé et l’on attend toujours des éléments datés et chiffrés. Le ministre s’est toutefois engagé dans un courrier à ce que ces compensations permettent aux personnels enseignants de l’Éducation nationale d’obtenir des pensions équivalentes à celle des autres fonctionnaires de catégorie A. Combien ? Quand ? A quelles conditions ? Ces questions restent posées à ce jour, surtout que certaines déclarations, notamment celles du président Macron à Rodez, ont pu jeter le trouble.
  • Des éléments plus précis, à la fois sur le projet de retraites du gouvernement et sur les compensations à destination des personnels de l’Éducation Nationale, doivent être communiqués en janvier/février. On y verra alors sans doute plus clair.

C’est donc dans ce contexte qu’une intersyndicale, au départ issue de la RATP, appelle à la grève le 5 décembre avec pour espoir de faire renoncer le gouvernement à son projet.

Comme à chaque fois qu’une décision politique doit être prise, c’est le conseil syndical du Sgen-CFDT de l’académie de Grenoble, 41 collègues issus de tous les corps et tous les départements de l’académie, élu.e.s lors du congrès académique du 18 octobre, qui a été amené à se prononcer. Les échanges y ont été riches et nuancés avec le souci de penser la situation dans sa complexité. Au final, la majorité des membres du conseil syndical académique se sont prononcés contre un appel à la grève de notre part ce 5 décembre.

L’essentiel dans tous les cas sera de se rappeler que la question clé n’est pas « en grève ou non le 5 décembre » mais bien « quel système de retraites à l’avenir ». 

Si nos revendications ne se concrétisaient pas en 2020, nous appellerions à la grève, éventuellement dans la durée.

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