[38] CDEN Isère du 21 novembre 2024

Déclaration de la CFDT Education Publique

Nous ne sommes pas un coût, nous sommes une richesse !

Dans cette salle ce soir nous sommes nombreux et nombreuses, et pas seulement parmi les représentants des personnels, à être des agents publics. Et nous ne devons pas être les boucs émissaires de la dette !

Les stigmatisations doivent cesser. Est-il besoin de préciser, par exemple, que le temps de travail d’un.e professeur.e d’école ne se limite pas aux 36 semaines de 4 jours ou 4 jours et demi devant leurs élèves ? Que le temps de travail par semaine de classe ne se limite pas à 24h semaine ? Que les professeur.e.s des écoles ne sont pas plus en arrêt maladie que les salariés du secteur privé malgré les spécificités du corps des professeurs d’école ?

Les mesures injustes doivent être abandonnées pour laisser la place à un dialogue social constructif. La CFDT Fonction publique, la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques appellent le jeudi 5 décembre à la journée intersyndicale de mobilisation et de manifestation contre l’augmentation du nombre de jours de carence et la baisse de l’indemnisation des jours d’arrêt maladie, pour une amélioration du pouvoir d’achat et des conditions de travail dans l’intérêt des agents et pour une fonction publique mieux reconnue et plus attractive.

 

Budget 2025, une austérité aux conséquences multiples !

Profitant de la baisse démographique, le ministère de l’Éducation nationale entend à la rentrée prochaine supprimer 4000 postes d’enseignant.e.s dont 3135 dans le premier degré. La France a pourtant un effectif d’élèves par classe parmi les plus haut d’Europe.

Pour la CFDT, la baisse démographique doit être l’occasion :

  • d’améliorer les conditions de travail des personnels,
  • de créer des postes de remplaçant.e.s,
  • de faciliter la nécessaire différenciation entre les élèves pour permettre une inclusion réelle,
  • d’améliorer les conditions d’apprentissage de toutes et tous.

Les conséquences pour l’Éducation de ce budget d’austérité ne s’arrêtent pas là ! En inscrivant 11 milliards d’euros d’économies (selon l’Association des Maires de France) sur les dotations allouées aux collectivités territoriales, c’est là encore la politique de l’enfance et de la jeunesse des communes, départements et régions qui risque d’être fragilisée. Dans de nombreuses collectivités, l’éducation représente 50 % du budget annuel. On peut donc aisément mesurer les conséquences que cela aura sur les dotations aux écoles, aux EPLE, sur les investissements pourtant nécessaires pour mettre aux normes les locaux en matière sécuritaire ou de transition écologique, sur les projets en direction des enfants, des élèves.

Parmi ces économies d’échelle, le gouvernement entend mettre fin au fonds de soutien qui permettait de financer les Temps d’Activités Péri-éducatives pour les communes restées à 4 journées et demie de classe. Ce sont encore les enfants des milieux défavorisés, ceux qui bénéficient le plus de l’apport de ces temps qui seront pénalisés. Pire, cette mesure mettra au chômage des milliers de professionnels qui œuvrent au quotidien pour le bien-être de ces enfants, les précarisant un peu plus.

« Si tu as l’argent, tu peux » que tu sois une commune ou un particulier. Dès lors, ce budget va non seulement creuser les inégalités mais surtout installer une France à plusieurs vitesses. La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques porte une tout autre vision de la société. Le principe de solidarité doit prévaloir notamment quand il s’agit de permettre aux enfants et aux jeunes de se construire, de s’émanciper, de devenir les futur.e.s citoyens et citoyennes. D’autres choix sont possibles ! Mais encore faut-il en avoir le courage politique notamment en taxant davantage les super-riches ou les plus-values financières. Avec ce gouvernement, l’enfance, la jeunesse et les professionnels qui les accompagnent vont subir les conséquences d’une gestion budgétaire calamiteuse avec, au bout du bout, des jeunes, des enfants qui en subiront les effets.

 

Le choc continue !

On renoue avec la méthode de faire disparaître, sans l’évaluer, un projet porté par des milliers d’enseignant.e.s. C’est l’enterrement du socle et de la maîtrise des compétences au profit des programmes. Des programmes très injonctifs qui réduisent l’enseignant.e à un rôle d’exécutant.e d’une recette valable pour tous les élèves. Les évaluations nationales viennent conforter cette vision, de même que la labellisation des manuels. Cet enseignement clé en main qui se veut rassurant ne s’adapte ni aux différentes pédagogies, ni aux différents profils d’élèves. Il efface le savoir faire des enseignant.e.s.

Le DNB devient un couperet obligatoire pour l’entrée en seconde en 2027. Cette mesure envoie le signal d’un collège qui prépare au lycée général et technologique et oriente, souvent par défaut, vers la voie professionnelle. Elle va avoir des répercussions importantes sur l’organisation générale du collège et du lycée. L’obsession de l’examen et de sa réussite seront renforcées alors que les acteurs de la santé mentale nous alertent sur les effets délétères pour notre jeunesse. Le tri social dont souffre notre système éducatif sera amplifié par cette mesure. La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques s’y opposera fortement.

De nombreuses discussions ont eu lieu sur le choc des savoirs. Notre organisation syndicale a très largement utilisé les différents espaces du dialogue social pour justifier son opposition aux groupes de niveau. De nombreuses actions et mobilisations ont eu lieu. Nous déplorons que le dialogue n’ait pas porté ses fruits. L’issue favorable possible du recours au Conseil d’État présenté par la CFDT permettra de faire aboutir une partie de nos revendications.