Contribution du Sgen-CFDT au CDEN de l’Isère du 16 avril 2020
Nous commençons par la déclaration lue lors du CTSD du 14 avril afin que l’ensemble des membres du CDEN puissent en prendre connaissance. Elle ne porte que sur la carte scolaire.
Dans un second temps, nous abordons le contexte spécifique de la situation sanitaire que nous vivons actuellement et les conditions de la reprise post confinement.
Déclaration préalable du Sgen-CFDT au CTSD de l’Isère du 14 avril 2020
La situation de crise sanitaire que nous vivons nous a tous amenés à adapter nos façons de travailler. Nous saluons le travail qui a été mené par les personnels de la DSDEN pour préparer cette carte scolaire. Nous voulons signaler la qualité de l’accompagnement des écoles par les IEN. Nous avons apprécié que notre demande d’un groupe de travail préparatoire ait été retenue. Tout cela nous permet aujourd’hui, malgré les conditions particulières, de participer plutôt sereinement à ce CTSD.
Bien évidemment, la dotation complémentaire de 20,5 postes y est pour beaucoup également. Cet effort budgétaire est important dans un contexte de crise sanitaire exceptionnelle. L’accompagnement des élèves sera crucial à la rentrée 2020. Les équipes auront besoin de renfort pour pallier les difficultés rencontrées lors du confinement.
Il y a aussi, et malheureusement, des points plus négatifs que nous voulons évoquer.
Plusieurs équipes nous font remonter leurs inquiétudes concernant les contraintes d’organisation pédagogique liées aux classes à 24 ou aux dédoublements, particulièrement quand ces mesures ne s’accompagnent pas de moyens supplémentaires.
Et surtout, une fois encore – et ce sera peut-être bien la dernière, puisque le dispositif s’éteint complètement – nous tenons à dire notre tristesse de voir fermer les postes de PMQC. Pour cela nous citerons la directrice d’une école concernée : « Nous aimerions faire remonter le réel impact positif que ce dispositif PMQC a eu pour notre école. Il nous a permis de mieux accompagner les élèves en difficulté et de créer une belle cohésion d’équipe avec la mise en place d’outils communs. »
Consulter les mesures prises par la Dasen
Crise sanitaire, confinement, continuité pédagogique
Dans le contexte particulier qui nous anime, le Sgen-CFDT salue l’exercice du travail décuplé par tous les personnels enseignants, administratifs, hiérarchiques pour assurer la continuité du service public de l’Éducation Nationale et maintenir une cohésion et une bienveillance qui prennent tout leur sens.
Les enseignants font la preuve d’une créativité démesurée et mesurée, d’une adaptabilité à la situation exceptionnelle, d’une adaptation à leur public spécifique, afin d’assurer la continuité pédagogique et ne laisser aucun élève sur le bord du chemin des apprentissages.
Pour certains, conjuguer l’accueil des enfants de soignants et d’autres métiers le nécessitant et la continuité pédagogique avec leurs élèves démontre leur engagement au service de leur métier.
Malgré cet investissement de tous, malgré les efforts déployés, il est à craindre que les inégalités se soient accrues pendant cette période de confinement, entre un élève déjà performant qui a pu et su s’approprier les changements et un élève déjà en difficulté qui n’a pas pu, pas su s’adapter. Cela va de quelques élèves par classe en primaire à 30 % dans certaines classes de lycée professionnel.
Réouvertures à partir du 11 mai ? Ne pas rater les reprises
Le président de la République a annoncé le 13 avril 2020 que la réouverture progressive des écoles, collèges et lycées était envisagée à partir du 11 mai. Tout en réaffirmant la priorité à la santé et à la lutte contre l’épidémie, il a souligné que la réouverture vise à réduire les inégalités. Celles et ceux qui mesurent le défi sanitaire et logistique autant que pédagogique d’une réouverture dans le contexte épidémique sont nécessairement dubitatifs et inquiets.
Pour le Sgen-CFDT des conditions préalables doivent être impérativement remplies pour garantir la santé des personnels, des élèves et la santé publique.
Pour nous, la priorité est la santé et la sécurité des personnels de toutes catégories et des élèves au moment où s’envisage la reprise :
– Ne pas imposer de reprise pour celles et ceux qui sont particulièrement vulnérables au covid19, personnels et élèves.
– Garantir un approvisionnement suffisant et régulier en équipements de protection individuelle, et une formation à leur utilisation.
– Garantir la capacité à mettre en œuvre la distanciation et les gestes barrières, et donc revoir le temps et l’organisation de tous les locaux scolaires.
– Organiser le nettoyage des locaux et la restauration scolaire selon les recommandations des autorités de santé en garantissant aux agents territoriaux concernés les conditions de santé et de sécurité au travail de plus haut niveau, et en veillant à une charge de travail raisonnable.
– Organiser les transports scolaires nécessaires avec les conditions de santé et de sécurité pour les salariés des sociétés de transports et les enfants.
– Préciser quelle organisation périscolaire pourra être mise en place, là aussi dans le respect des conditions de santé et de sécurité pour les adultes intervenant sur ces temps et les enfants.
– Donner aux équipes le temps et les moyens d’organiser à partir du 11 mai la reprise pédagogique et l’accueil des élèves en fonction des contraintes et des réalités de leur territoire, en lien avec les partenaires de l’école et les collectivités.
Répondre à toutes ces attentes est un défi.
L’annonce d’une réouverture progressive à partir du 11 mai 2020 signifie que tous les établissements scolaires n’ont pas vocation à accueillir tous les élèves pour un temps scolaire plein dès le 11 mai 2020 au matin sur l’ensemble du territoire. Cela signifie aussi que le confinement et la continuité pédagogique, avec leurs difficultés organisationnelles, continueront pour le reste du temps scolaire.
Pour le Sgen-CFDT, l’élément premier dans la décision de réouverture et dans ses modalités pratiques doit être la santé publique, la santé et la sécurité des personnels et des élèves et leurs familles.
Il faut donc envisager des décisions étalées dans le temps en fonction des constats des autorités de santé sur l’évolution de l’épidémie.
Pour toute reprise, quelle qu’en soit la date, plusieurs étapes sont indispensables selon le Sgen-CFDT.
En amont, compte-tenu de tout ce qu’il faut organiser et des nombreux acteurs à mobiliser pour que les établissements scolaires fonctionnent, un dialogue social élargi avec toutes les parties prenantes (personnels de l’Éducation nationale, personnels territoriaux, collectivité locales, services jeunesse et vie associatives, associations complémentaires, acteurs des temps périscolaires, transport scolaire, parents d’élèves, élèves) est indispensable.
Ensuite, la reprise ne saurait être une reprise « sèche ».
Les personnels des établissements scolaires doivent avoir le temps d’une sorte de prérentrée. Lorsque l’accueil des élèves est possible, là aussi il serait impensable de démarrer directement une activité d’enseignement classique. Pour toutes et tous du temps sera nécessaire pour faciliter la résilience, permettre de refaire collectif.
Enfin quelle que soit la date d’une reprise possible avant le 4 juillet, la reprise en septembre 2020 sera elle aussi une rentrée particulière, à soigner pour que l’année scolaire 2020-2021 se passe du mieux possible.