Déclaration préalable du Sgen-CFDT au CDEN de l’Isère du 6 novembre 2017
L'analyse du Sgen-CFDT sur la politique menée en matière d'éducation depuis cette rentrée scolaire.
Ce que nous voulons pour tous les enfants sans distinction, c’est qu’ils puissent bénéficier d’une formation solide et complète qui leur permette de s’insérer professionnellement et d’occuper pleinement leur place de citoyen dans la société.
Ce que nous voulons c’est ne laisser personne au bord du chemin, assurer la mixité sociale et la réussite de tous.
Nous pouvons nous demander si les mesures éducatives prises depuis le printemps sont justes, si elles réduisent les injustices d’accès à la formation, si elles évitent les logiques de ségrégation entre les filières de formation ou entre les jeunes d’origines sociales diverses et si elles respectent les aspirations des futurs citoyens et citoyennes.
Le dédoublement des classes de CP en REP+.
Qui peut, de prime abord, être contre le dédoublement des classes de CP en REP+ ?
Mais, conjuguée au 100% de réussite, cela pourrait mettre une pression phénoménale sur les enfants et les enseignants, alors que l’on sait que du temps est nécessaire pour les acquisitions.
La pérennité des moyens n’est pas garantie sur cette mesure, sa généralisation promise pourrait ne pas avoir lieu faute de moyens, ou entraîner – ce qui a heureusement été évité cette année dans notre département – l’utilisation des moyens dédiés aux dispositifs Plus de maîtres que de classe, ce qui conduirait à casser tout le travail réalisé dans les équipes pour apprendre en petit groupe hétérogène et par cycle.
La réforme des rythmes scolaires
La réforme des rythmes scolaires – de notre point de vue très incomplète, et dont on peut convenir qu’elle était compliquée et n’allait pas de soi – a donné lieu à de beaux projets et à de belles collaborations entre l’éducation nationale, les collectivités territoriales et les services de jeunesse.
Sa remise en cause rapide et sans évaluation conduit à faire douter celles et ceux qui se sont engagés et à légitimer les oppositions les plus dogmatiques.
Est-ce en renvoyant à nouveau aux familles la responsabilité de faire découvrir des activités artistiques et culturelles que l’on va réduire les inégalités ?
La modification de l’organisation du temps scolaire de 2013 avait pour but d’étaler le temps scolaire. Nous voilà redevenus le pays de l’OCDE où le temps scolaire est le plus concentré : une intensification du travail que nous combattons ailleurs.
La situation du collège
Concernant le collège, la Loi de Refondation de l’École de 2013 a posé une grande ambition collective, celle de garantir à chaque élève la maitrise, attestée par le diplôme national du brevet, d’un socle commun de compétences et de connaissances au terme de la scolarité obligatoire.
La première session de l’an dernier a montré d’une part que l’examen terminal, maintenu au nom du respect des traditions, n’avait pas montré son utilité parce que trop déconnecté de la logique du socle commun et d’autre part qu’environ 30% des élèves ne maitrisaient pas complètement le socle commun.
Des améliorations devaient être apportées mais les ajustements annoncés vont à rebours de la justice sociale et scolaire.
L’examen terminal est transformé en « petit bac ».
Il est encore plus déconnecté des compétences attendues en fin de collège au lieu d’être repensé comme une évaluation diagnostique utile à tous les élèves. Plus grave encore, ce nouveau texte se désintéresse de ceux qui auraient dû être au centre des préoccupations après la première session, à savoir les 10 % qui ont échoué au DNB en 2017 et les 20 % qui ont obtenu le diplôme de justesse.
La suppression de 120 000 contrats aidés.
La suppression de 120 000 contrats aidés s’est faite sans avoir réfléchi aux alternatives.
Elle a des conséquences dramatiques pour les missions réalisées : aide administrative, secrétariat, accueil téléphonique, préparation matérielle, accueil des élèves, aide à la surveillance, accompagnement des élèves en situation de handicap.
Ces tâches réalisées par les personnels en contrats aidés sont pourtant indispensables au bon fonctionnement des écoles ; c’est donc l’organisation entière de l’activité de celles-ci qui est aujourd’hui remise en question.
La remise en cause à quelques jours de la rentrée de la situation des personnes sous contrat aidé est une violence faite à ces agents du service public. On attend au contraire que l’ensemble des missions d’accompagnement des élèves et de la direction d’école soient reconnues et que cela se traduise par des emplois pérennes assortis d’une formation de qualité.
Ces mesures favorisent-elles l’école juste que nous voulons ? Favorisent-elles une école qui donne une place à chacun et chacune, exigeante mais respectueuse ? Peut-on dire que cette école va permettre de dépasser les déterminismes sociaux ?
Non, au contraire, cette école mise en place par effacement systématique des acquis précédents est celle de la confrontation obligatoire des enfants, de la compétition entre les élèves et du rejet de la responsabilité de l’échec à l’individu seul.
Pour les personnels, cette période de remise en cause de leur travail et de leur engagement, comme dans toute la fonction publique, est particulièrement difficile à vivre.
Tout cela est facteur de démotivation pour celles et ceux, très nombreux et nombreuses, qui se sont engagés pour l’amélioration du système éducatif.