Déclaration du Sgen-CFDT au CDEN de l'Isère du 6 février 2024
Pourquoi le Sgen-CFDT a-t-il voté contre le projet de carte scolaire présenté en CSA-SD ?
La démographie en baisse permet une amélioration du taux d’encadrement, malgré une dotation négative ; mais les chiffres cachent des difficultés croissantes pour les équipes enseignantes, et donc pour les élèves.
La constitution de GS/CP ne va pas de soi : locaux parfois inadaptés, collègues ne souhaitant pas enseigner en maternelle ou en élémentaire et qui ont participé au mouvement en ce sens, en faisant des choix forts, inquiétude des directrices et directeurs quant à la gestion des équipes et la responsabilité de classes intégrées dans un autre fonctionnement.
Le taux de remplacement est élevé, mais au prix de contorsions : report ou annulation de formations, multiplication des intervenants dans une même classe. Ce qui peut accentuer le manque de repères pour les élèves et aggraver les difficultés, notamment de comportement, des élèves les plus faibles et ceux en inclusion en particulier.
Les conditions actuelles de cette inclusion la rendent de plus en plus souvent maltraitante pour tous. Maltraitante pour les élèves en situation d’inclusion qui ne sont pas toujours correctement accompagnés : pas d’AESH malgré la notification, temps quotidien d’inclusion trop important, etc. Maltraitante pour les autres élèves de la classe quand l’enseignante ou l’enseignant doit accorder un temps et une énergie importante à leurs camarades en situation d’inclusion, notamment lors des périodes de crises rendant parfois très difficiles les apprentissages. Maltraitante pour nos collègues qui sont en souffrance car ne pouvant plus exercer leur mission d’enseignement correctement.
Pour le Sgen-CFDT, les moyens alloués devraient intégrer ces données, sans quoi, malgré l’amélioration du taux d’encadrement, les conditions de travail de nos collègues et le service rendu aux usagers que sont nos élèves et leurs familles continueront de se dégrader.
Pourquoi le Sgen-CFDT a-t-il appelé à la grève le 1er février dernier et s’inscrit-il dans un plan d’action intersyndicale dans la durée ?
Pour refuser le choc des savoirs !
Redonner de l’autorité aux maîtres et maîtresses en leur permettant de décider du redoublement d’un ou d’une élève, en voilà un programme pour l’éducation ! Les études montrent son inefficacité pour résoudre l’échec scolaire et le décrochage de certains élèves, il a un coût exorbitant et c’est un marqueur d’inégalité sociale. Pour le Sgen-CFDT, c’est avant tout la question du parcours de l’élève et celle de la gestion de l’hétérogénéité dans les classes qui doivent être posée.
En prônant le dernier mot aux professeurs, le Ministre entend restaurer l’autorité du maître. Pour le Sgen-CFDT, une chose est sûre, on ne peut faire cela sans associer les familles, qui rappelons-le, sont les premiers éducateurs de leur enfant. Évidemment, pour les professeurs des écoles, cela demande du temps (qu’ils et elles n’ont pas actuellement) pour construire ce dialogue de proximité. C’est à ce prix que la coéducation prendra sens pour tous, les enseignants et enseignantes mais aussi les familles.
Au collège, la mise en place des groupes de niveau heurte les valeurs de nombre de nos collègues qui savent, pour certains et certaines d’expérience, que cette organisation mène à la stigmatisation des élèves rencontrant des difficultés d’apprentissage. Nos collègues personnels de direction sont nombreux et nombreuses à témoigner que les moyens délégués ne suffisent pas et que la mise en place des groupes de niveau assèche toute marge d’autonomie dans l’organisation pédagogique. Des projets éducatifs conduits de longue date s’arrêteront, les groupes à effectifs réduits dans d’autres disciplines disparaîtront. Dans certains collèges, les moyens qui permettaient de décloisonner partiellement la SEGPA sont absorbés. On tourne donc le dos à l’inclusion et à des dynamiques que le ministère lui-même préconisait il y a peu de temps. Ailleurs, on manquera de salles pour installer les groupes, d’enseignantes et d’enseignants pour les prendre en charge.
Cette politique éducative est à l’opposé de ce que les travaux de recherche en éducation ont maintes fois démontré, et on peut donc penser qu’elle ne sera pas efficace. Cette politique éducative déstabilise le collège. Cette politique éducative dégrade les conditions de travail des personnels.
Le Sgen-CFDT n’était pas demandeur d’une énième nouvelle réforme du Bac Pro. Le Sgen-CFDT est inquiet de voir naître un projet inadapté qui modifie les grilles horaires de seconde, de première et de terminale, et l’organisation de l’année de terminale. Le Sgen-CFDT demande un moratoire concernant cette réforme du Bac Pro.
Dans un contexte de crise du recrutement, et pas seulement chez les enseignants, crise qui s’installe dans la durée, s’approfondit et s’étend à davantage de métiers, la perte de sens du travail, la dégradation des conditions de travail et la perte de pouvoir d’achat se combinent tristement et le système éducatif est sans doute déjà entré dans une spirale négative.
Pour le Sgen-CFDT, il faut un sursaut et construire des politiques cohérentes et durables de rémunération, d’organisation du travail, de qualité de vie au travail, de formation et d’accompagnement des agents. C’est indispensable non pas pour susciter des vocations, mais pour attirer des professionnel.le.s du service public d’éducation.
La valse des annonces qui relève de la communication politique sans se soucier de la réalité des conditions de mise en œuvre n’est pas une politique éducative et accélère cette spirale négative.